Nicolas Sauzéat s’envoie en l’air

Le jeune chef d’entreprise intervient exclusivement en milieu périlleux

par Nicolas Tavarès

Cordiste, un métier pas comme les autres, qui permet à Nicolas Sauzéat, entrepreneur castelroussin, de s’élever. Haut. Très haut.

«Comme tous les gosses, avec mon frère, nous avions des jouets. Mais nous avions surtout un atelier où l’on pouvait bricoler plutôt que de jouer aux consoles. À 17 ans, ça faisait déjà dix ans que je bricolais.» Par ces quelques mots, Nicolas Sauzéat (réécouter l’interview France Bleu Berry) dévoile un petit pan de son existence qui aide à comprendre sa future orientation professionnelle. BEP électro-technique, Bac pro réseaux et telecom, BTS management des unités commerciales. Le cursus débutera à Châteauroux, se poursuivra à Bourges, Limoges puis Marseille. Les voyages forment la jeunesse paraît-il. Mais c’est à Nantes que la carrière de Nicolas va s’envoler vers les cieux. «Je suis revenu à Châteauroux à la fin de mon BTS et je suis devenu auto-entrepreneur en 2014. En nom propre, je faisais des travaux d’électricité depuis 2009. Un jour, un client m’a mis en relation avec une entreprise de cordistes qui avait besoin d’un piéton…» Cordiste, piéton ? «Cordiste ça existe depuis une trentaine d’années, et c’est un métier reconnu depuis 2004. Le « piéton », dans le jargon, c’est celui qui travaille de plain-pied.»

En 2014, voilà donc Nicolas Sauzéat la tête en l’air au pied d’un chantier nantais. «C’était du confortement de falaises dans le centre-ville. J’ai passé la première journée les bras croisés à regarder les cordistes là-haut. Je voulais être avec eux. Alors le patron m’a formé.» Le Castelroussin n’est quasiment jamais redescendu. Jusqu’à créer RAID (Rope Access Intervention Diving) en septembre 2016 juste après avoir repeint le château d’eau de Buzançais. «Je n’ai pas de concurrence dans le secteur, explique-t-il. Je voulais faire un métier original.» Il n’aura pas mis longtemps à atteindre son but au point, désormais, de considérer le nettoyage d’un silo comme «un travail commun. En tout cas chez les cordistes!» Voire.

Dans le ciel de Paris

Car dans ce domaine bien précis, RAID touche aux risques du métier : «On travaille dans des parties confinées et explosives, mais on sait identifier chaque risque et l’anticiper. Cordiste, ce n’est pas un métier dangereux.» C’est même un domaine où Nicolas joint l’utile à l’agréable: «J’ai toujours été passionné par les monuments historiques.» RAID va donc se démarquer des entreprises du genre. «Il y en a qui sont touche-à-tout, d’autres spécialisées dans le confortement de falaises, le nettoyage de silos. Pour RAID j’ai choisi les monuments historiques et la maintenance industrielle : pneumatique, hydraulique, électricité.»

Depuis deux ans, la société de Nicolas Sauzéat, désormais six cordistes et un commercial, s’est élevée au-dessus de la Capitale : pose de filets de sécurité dans l’église Saint-Eustache, remplacement et sécurisation des chapiteaux de colonnes de l’église de la Madeleine, travaux d’étanchéité de la Sainte-Trinité, confortement de tourelle à l’Oratoire du Louvre et travaux à la grande Synagogue de Paris. RAID a fait dans le sacré, mais Nicolas Sauzéat sait aussi se divertir et profiter de rendez-vous événementiels pour se faire connaître. Les cordistes berrichons ont ainsi frappé un grand coup lors de la dernière Nuit Polar, en octobre dernier. «Nous avons voulu surfer sur l’image du RAID (celui de la Police Nationale), ces gars cagoulés qui descendent les façades en rappel!» Une belle mise en lumière avant de partir à l’assaut de nouveaux marchés : «À l’international ? Pourquoi pas… En Allemagne, il y a les châteaux, en Italie les monuments historiques, en Espagne de l’industriel. Pour l’instant, je suis encore au stade de l’observation, de la comparaison. Mais cela veut dire qu’il me faudra un chef de chantier à l’aise avec l’anglais…» Un détail pour qui veut prendre de la hauteur.

RAID
Site : www.raid-org.com
Facebook : RAID

Tél. : 02 54 36 79 27 

Les cordistes parlent aux scaphandriers


«Actuellement, je passe mon niveau 2 de plongée. Mais pour effectuer des travaux subaquatiques, il faut être scaphandrier. Je n’ai pas prévu de le devenir, sourit Nicolas Sauzéat, mais je veux apprendre et comprendre ce métier. Je me vois mal donner des directives à des gens si je ne comprends pas leur métier.» Le Castelroussin n’a pas encore sauté le pas, mais il n’oublie pas que le D de RAID veut dire Diving (plongée en anglais). «Scaphandrier et cordiste sont des choses complémentaires. Nous travaillons déjà avec une entreprise de scaphandriers, mais un jour, nous aurons cette spécificité au sein de RAID.» Pour s’en convaincre, il se souvient d’un chantier sur un barrage dans l’Allier : «Nous n’avions pas fait d’opérations subaquatiques, mais il fallait gérer la présence de l’eau.» Nicolas en a évidemment tiré les enseignements. «Dans une optique de développement» RAID prendra donc l’eau au sens propre d’ici peu.

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