Quand l’Ovalie tourne rond

En France le rugby féminin va bien. Ça rigole aussi pour les Déoloises

par Nicolas Tavarès

Le championnat a démarré pour les rugbywomen de l’Ovalie Déoloise. Loin des lauriers des Bleues, Laetitia Loiseau, entraîneure de l’équipe, accompagne le club féminin dans un nouveau cycle.

Depuis l’été dernier, le rugby féminin français vit des heures fastes. Vice-championnes olympiques à VII à Tokyo, les Bleues, à XV cette fois, ont signé deux succès retentissants sur les Black Ferns (les Néo-zélandaises championnes du monde) pendant la tournée d’automne. Et pour la première fois, la meilleure joueuse mondiale de l’année est également française (Anne-Cécile Ciofani). Il n’y a aucun lien de cause à effet, mais du côté du stade de Brassioux, l’Ovalie Déoloise voit ses couleurs se raviver avec l’arrivée massive de nouvelles joueuses.

Les dirigeants et l’entraîneure en chef, Laetitia Loiseau (ci-dessus), se perdent en conjectures pour expliquer le phénomène. Mais on prend avec un plaisir non dissimulé ces paillettes qui tombent dans la vie de l’Ovalie. Professeure des écoles et coordinatrice du dispositif Ulis dans la vie civile, Laetitia s’astreint au calme et à la sérénité pour gérer son quotidien. Mais dès qu’elle chausse les crampons et prend en mains un ballon ovale alors elle redevient « Titi », historique d’un club vieux de 17 ans et coach bienveillante qui s’enthousiasme de voir son groupe entamer le championnat de Fédérale 3 à dix.

«L’Ovalie Déoloise va bien. Il y a de la vitalité et de l’énergie dans ce groupe. L’effectif a commencé à se renouveler au moment du confinement. Le bouche-à-oreille a fait le reste. Pour la première fois, nous avons même accueilli des filles qui ont appris le rugby ailleurs qu’à l’Ovalie Déoloise! Elles ont encore plein de choses à apprendre, mais tu sens la synergie.» Laetitia Loiseau n’en a donc pas encore fini avec le rugby. Le virus, elle l’avait contracté au contact de la plus belle paire de moustaches du Bas-Berry, celle du regretté Gilles Cazy. Évoquer l’Ovalie sans parler de Gilles, est impossible, « Titi » le sait. Mais c’est également toucher à l’affect alors les yeux s’embuent. Et comme les avants n’ont jamais été bons pour botter en touche, Laetitia le consent à demi-mot : l’Ovalie Déoloise a tremblé sur ses bases quand Gilles Cazy a cassé sa pipe quelques jours avant Noël 2019.

«Mais on s’est toutes interdit de laisser tomber. Nous n’avions pas le droit, il y avait un héritage à assumer. En revanche, les filles qui sont arrivées depuis n’ont pas à porter ça sur leurs épaules. Elles savent qu’il y a quelqu’un qui a posé une porte à ouvrir. À elles de la pousser. Je pourrais faire du Gilles pour gérer ce groupe, mais je ne sais pas faire.»

Un groupe en quête d’alchimie

Une position que Fanny Genevay, co-présidente de l’Ovalie déoloise avec Laure Gremiau, comprend aisément : «Certaines anciennes lui demandent, mais « Titi » s’y refuse. C’est aux filles de faire en sorte que l’alchimie prenne, que ce groupe se forge dans les déplacements et les matchs. À leur manière, les filles ont déjà reconstitué un esprit de famille que nous avions il y a quelques années.» Et les objectifs sportifs dans tout ça?

Laetitia Loiseau reprend la main : «L’équipe a changé donc tu t’adaptes. Elles sont dynamiques, humbles, sérieuses et surtout pas dans la consommation. Elles s’impliquent totalement. Ça fera la différence dans le championnat parce que leur état d’esprit les rend totalement actrices du jeu.» « Titi » Loiseau, qui adore faire la promotion du club prolonge : «Sportives ou non, tout le monde a sa place et est la bienvenue ici ! La moyenne d’âge est de 25-26 ans. La plus jeune a 18 ans, la plus vieille 42. Les filles adorent se retrouver, aiment bien le contact sur le terrain, s’organisent des soirées. La seule chose qu’il nous manque, c’est du temps de jeu et de l’expérience.»

Depuis septembre, l’Ovalie nouvelle s’est donc préparée pour un championnat du Grand Ouest qui l’a d’abord emmené en Vendée, mi-janvier, pour la première journée. Marine Cazy, autre historique de la maison déoloise, a pris en charge la préparation physique d’une troupe où l’on trouve une gendarme, des jeunes femmes issues du monde agricole, d’autres évoluant dans le service à la personne. Il y a même une psychologue. «On forme une micro-société, plaisante « Titi ». Par contre, elles manquent un peu de respect vis-à-vis des anciennes. Lors de notre premier tournoi, elles m’ont barbouillé de boue. Elles ont pris la confiance les petites!» Des petites qui ne doivent pas savoir qu’à une époque, plonger dans la boue ballon en mains, c’était le plaisir dominical de leur entraîneure…

Ovalie Déoloise
Facebook : Ovalie Déoloise-Rugby féminin à X
Tél. : 06 44 23 51 27

Halte Garderie

Le mardi soir, les séances d’entraînement de l’Ovalie Déoloise se déroulent à domicile, sur la pelouse du stade de Brassioux. Les rugbywomen se retrouvent en nombre et, parmi elles, une dizaine de joueuses sont également mamans. Pour leur permettre de travailler tranquillement ballon en mains, quelques « anciennes » viennent donc assurer la garde d’une poignée de bambins qui prennent leurs aises dans le club house du stade. Alors mesdames, si vous hésitiez encore à chausser les crampons, vous n’avez désormais plus d’excuses. L’Ovalie Déoloise s’occupe de tout!

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