Toutes voiles dehors

Antonio Ferrandiz vous embarque dans le roman maritime

par Nicolas Tavarès

Devenu écrivain sur le tard, le médecin castelroussin, touche à tout protéiforme, sort son deuxième roman maritime.

Le 31 décembre dernier, Antonio Ferrandiz fermait son cabinet de dermatologie après 33 années de bons et loyaux services. À 64 ans, il commence à profiter d’une semi-retraite, assurant encore quelques heures à l’hôpital d’Issoudun. Voilà en tout cas le Castelroussin maître de son temps, le cerveau en ébullition. Car l’air de rien, derrière des lunettes cerclées et une voix posée se tapit un touche-à-tout qui n’a jamais hésité à tourner, selon ses envies, les pages du grand livre de la vie. Quand d’aucuns évoqueraient des lubies, lui préfère dire : «Je fais toujours les choses à fond, mais sans me prendre au sérieux. Ma femme dirait sans doute le contraire. Là, elle doit se dire : « Il se lance encore dans un truc ! »» En l’espèce, le « truc » du moment, c’est la trompette qu’il vient de débuter. «Je voulais jouer du trombone, mais le courant est bien passé avec le prof. Je marche au feeling. Christophe Charluet m’a fait essayer la trompette, ça m’a plu. Cette fois, je pense que ça va me mener au sapin !» lâche-t-il, pince-sans-rire. Un autre trait de caractère parfaitement assumé. La trompette le conduira peut-être au sapin, mais le plus tard possible car après avoir présidé le club de magie Le Secret (1988-1998), celui de roller hockey des Piranhas (1998-2007), s’être mis à la peinture, «d’abord à l’aquarelle, maintenant à l’huile, mais je suis un peu dans le creux de la vague en ce moment», Antonio Ferrandiz s’est adonné à une autre passion dévorante, l’écriture. Le voilà donc auteur de romans ; mais pas n’importe lesquels : les romans maritimes. «Un genre qu’on ne trouve pas vraiment en France» regrette-t-il, lui qui s’est passionné pour les spécialistes anglo-saxons du genre, les Patrick O’Brian (Jack Aubray), C.S. Forester (Horatio Hornblower) ou Alexander Kent (Bolitho) dont les séries naviguent dans les eaux napoléoniennes.

Une série entre Révolution et Empire

«Lorsque j’ai arrêté la présidence des Piranhas, j’avais un peu de temps pour commencer mon premier roman et je me suis donc lancé dans des recherches pendant un an. Je voulais que l’histoire se situe entre la Révolution et l’Empire. Mais quand vous n’avez jamais écrit, vous tardez à rentrer dedans.» Il lui faudra trois ans pour accoucher des « Voiles de la République ». Magnifique coup d’essai qui lui vaudra le prix de l’Académie de Marine. «C’était une fierté, une satisfaction personnelle. Pendant un an, je suis devenu membre de l’Académie, mais je n’avais pas le temps d’y siéger.» Dans le même laps de temps, il courra les salons du livre, découvrant un versant du métier d’auteur qui ne le convainc qu’à peine. «Les salons, c’est quand même particulier. Il faut se faire connaître, rencontrer  les lecteurs. Vous vous retrouvez à côté de « machines à vendre ». Je ne suis pas envieux et je suis même un peu compétiteur quand même, mais je regarde ça avec philosophie.»

La discussion suit son cours. Antonio Ferrandiz évoque alors la genèse d’une passion maritime. Il la doit tout autant à la découverte d’un lointain ancêtre, illustre marin, qu’à la pratique du dériveur, mais aussi et surtout à sa naissance à Barcelone qui lui a permis «de vivre longtemps sur la Méditerranée. Je voulais être capitaine au long cours. J’ai voulu m’inscrire à l’école navale mais c’est resté sans suite. C’était peut-être une lubie, oui. J’ai quand même fait mon service militaire dans la Marine. À Rosnay, mais également sur le Mercure, un dragueur sur lequel je m’occupais de l’assistance médicale aux pêcheurs, en mer d’Irlande.» L’histoire maritime l’intéressait déjà, mais Antonio Ferrandiz attendra donc de raccrocher ses rollers pour sauter le pas. En ces derniers jours d’hiver, Antonio Ferrandiz s’impatiente. La correction de son nouvel ouvrage a pris du retard. Décalant d’autant l’entame du suivant. «J’ai les idées, mais il est en suspens. Dans la série maritime il faut parfois meubler.» Et meubler, ça n’est certainement pas dans l’ADN de ce passionné d’aventures maritimes.

Voiles sur l’Irlande, Corsaire éditions

Athanase Delrieu, né à Loches

«Dans mes livres, il y a beaucoup de fiction, mais aussi des choses qui se sont réellement passées…» « Voiles sur l’Irlande », son nouveau roman à paraître prochainement aux éditions Corsaire, a poussé Antonio Ferrandiz à s’intéresser à l’expédition irlandaise de 1796 menée par le général français Lazare Hoche. La flotte de la jeune République française, partie de Brest, voulait débarquer en verte Erin et soutenir la Société des Irlandais unis pour chasser les Anglais du pays. Mais mal préparée, elle s’éparpillera finalement dans la Baie de Bantry. C’est dans ce contexte que l’auteur plante le décor de la suite des aventures d’Athanase Delrieu, son héros fictif des « Voiles de la République », un marin natif… de Loches. «Pourquoi Loches ? Je me suis intéressé à Joseph Pierre de Vigny, officier de marine de Louis XV et Louis XVI condamné à l’exil à Loches. Il était le frère du chevalier de Vigny, père d’Alfred de Vigny. J’ai découvert son histoire en lisant « L’Hébé », qui retrace celle de la frégate du même nom, livrée à l’Anglais sans combattre. C’est avec l’Hébé qu’est venue l’idée du personnage d’Athanase Delrieu.»

Rechercher
X