Un complexe au lait entier

Au 9 Cube, la vie artistique castelroussine bat plus que jamais son plein

par Nicolas Tavarès

Bâtiment désaffecté racheté par Yves Douceau en 2006, le site Berry Lait s’impose aujourd’hui comme la friche artistique castelroussine au coeur de laquelle musique, théâtre, danse et radio convergent.

De bâtiments imposants sans beauté apparente peuvent pourtant surgir des coups de coeur. En 2006, en quête de locaux plus vastes pour son entreprise de sonorisation et d’éclairage (Imedia), Yves Douceau croit trouver son bonheur dans le vieux site Berry Lait. «Je me suis d’abord dit que c’était immense et puis finalement j’ai imaginé les choses qu’on pourrait y faire…» « Doudou » y a ainsi vu la possibilité d’une île artistique ; Imedia y profiterait d’un espace de stockage conséquent ; des bureaux compléteraient la structure, sans parler du reste. «Au départ, on l’avait appelé le Complexe Berry Lait puis on a glissé vers le 9 Cube (Ndlr, le site est posé au 93 de la rue Ampère. 9-3, 9 Cube…) plus simple à retenir. J’ai imaginé une friche de création et de diffusion artistique. Pour Châteauroux, c’était plutôt bien.»

Douze ans plus tard, le 9 Cube est une scène ouverte aux musiques actuelles où s’invitent même régulièrement les classes du conservatoire de musique faute de place en centre-ville ; la radio Balistiq y a ouvert ses micros. À l’étage, des bureaux abritent l’association Berry Lait en face d’un appartement pour résidences d’artistes, studio d’enregistrement (pour le mix et le mastering) et, depuis un an, une salle baptisée le Chauffoir, espace d’expérimentation, de création et de transmission où tiennent salon la Bessoucouna Cie de la chorégraphe Cécilia S, la Bolita Cie, troupe théâtrale menée par Francis Labbaye et la compagnie des 3 Cris de Nico Lamatière. «Le Chauffoir nous a amené le côté théâtre et danse. On a monté ça pour qu’il se passe des choses, insiste Yves Douceau. Aujourd’hui, on fait de la mise en relation. C’est comme ça qu’est né l’Oqnep (ci-dessous) et plus que jamais je revendique ce côté barjot du projet initial. N’oublions pas que nous accueillons aussi des cours des techniques du spectacle avec les Formations d’Issoudun pour ceux qui souhaitent devenir régisseur de production, backliner, pour la gestion des systèmes son, lumière, accroche et levage…» La polyvalence du lieu fait que nombre d’artistes s’y posent le temps de répétitions. Scratchophone Orchestra, Minou ou Psykup ont peaufiné là leurs projets «avec un avantage évident : le lieu est central et les tarifs moins prohibitifs qu’à Paris. Au 9 Cube les groupes sont au forfait, ils ont les clés et s’ils ont envie de bosser à 4h du matin, c’est possible» s’amuse « Doudou ».

Résidences d’artistes

Les habitués du Chauffoir (ci-contre) ont évidemment compris tout l’intérêt qu’il y avait à profiter des offres tarifaires pour investir les lieux. «Nous avions absolument besoin d’une salle, commente Francis Labaye. Ici, nous ouvrons nos portes à tous les porteurs de projet artistiques en accord avec Doudou.» «Nous étions de toute manière investis dans l’association Berry Lait, poursuit Nico Lamatière. On profite d’une salle sans contraintes. Au départ, nous cherchions un lieu de création. Nous n’avions pas pensé en faire un lieu de stage et voilà que maintenant c’est ouvert à d’autres choses.»

«Le fait qu’il y ait la scène du 9 Cube en dessous nous donne également la possibilité de faire des sorties de résidence, raconte Francis Labbaye. À nous, maintenant, d’amener de nouveaux domaines artistiques. Il y a un an, je bataillais pour savoir si nous tiendrions. Aujourd’hui, nous avons une écoute régionale et même une aide à l’aménagement.» Preuve que tout peut arriver. Yves Douceau, lui, reste convaincu des nombreuses perspectives de développement qu’offre le 9 Cube. Mais il semble quelque peu résigné car sa structure privée est toujours en quête de soutiens financiers : «On cherche des solutions, mais je n’ai pas envie d’aller sonner tout le temps aux portes des collectivités.» Et pourtant, il s’en passe des choses rue Ampère !

Rendez-vous au second étage

Le complexe Berry Lait n’a l’air de rien, mais il est immense. Au point que Yves Douceau n’utilise pas toute la surface du site. «Il reste un deuxième étage de 300m2 ! J’ai plusieurs idées en tête comme y faire de nouveaux appartements pour les résidences d’artistes, des bureaux de production aussi.» L’objectif à moyen terme serait de trouver les finances nécessaires «pour salarier un gestionnaire du site qui se chargerait également de la programmation. Nous avons cherché des pistes vers le mécénat. Ça avance…» Mais lentement. Très lentement.

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