Un couple qui ose tout

Marie-France et Jean-Marc Sala, promoteurs atypiques d’événements festifs

par Nicolas Tavarès


Dans leur approche de l’événementiel, les époux Sala et leur association Ailleurs sont du genre fonceurs. On les imagine installés au volant d’un bolide lancé à vive allure vers une issue plus qu’incertaine. Il faut pourtant le reconnaître, le couple sait s’y prendre pour faire sortir les Castelroussins de chez eux. Avec Jean-Marc et Marie-France, l’idée saugrenue prend toujours corps et attire la foule. Comme ils ont un culot monstre, les limites sont à chaque fois repoussées. Alors doux dingues les Sala? «Raides dingues plutôt !» revendique Marie-France. Jean-Marc rebondit : «Ce qui nous motive, c’est d’offrir des choses pour tous les publics, tous les âges, tous les goûts. Nous on s’amuse, on partage…»

Depuis 2015, le couple castelroussin s’amuse énormément selon une recette toute simple : l’année se décline à travers un événement XXL autour duquel gravite une constellation de rendez-vous de moindre échelle, comme des niches artistiques dans lesquelles le couple s’engouffre. C’est rue de la République à Châteauroux que tout a commencé en 2015, donc. Une fête des voisins, un écran géant prêté par un ami… Il n’en faut parfois pas plus pour écrire les premières pages d’une histoire. Et comme souvent, c’est Marie-France qui a pris les choses en main. Des épisodes de la série « Nos chers voisins » (offerts par la production), un show de coiffure, des danses africaines ; voilà comment donner le sourire à plus de 300 personnes. Bis repetita un an plus tard avec cette fois la finale d’un radio-crochet et des éliminatoires organisés quelques semaines plus tôt sur la place Monestier en collaboration avec le regretté Christophe Dutaut alors patron de La Dernière Séance. Le public suit évidemment.

Pool Party et fête foraine

En 2017, troisième et dernière Fête des Voisins rue de la République. Un défilé de mode où les voisines étaient les mannequins et le show du diaboliste Nico Pires. Les Sala ont un savoir-faire évident. Ils proposent alors à la Mairie de reprendre le Café Équinoxe. Le couple mobilise pas mal de bénévoles. Madame et Monsieur s’investissent dans l’aventure, Marie-France surtout. Trop peut-être. Au bout d’un an, la convention n’est pas renouvelée, le couple quitte le navire et créé l’association Ailleurs. «C’était expérimental, se souvient Jean-Marc ému à l’évocation du sujet. Notre plus grande fierté reste d’avoir rouvert un lieu fermé depuis 7 ans. Et je suis très heureux de voir que la scène nationale Équinoxe l’a maintenant repris.» Puisque chez les Sala, on puise le positif dans l’adversité, 2019 sera l’année du rebond ou de l’envol, c’est selon.Avec quelques fidèles – «Ailleurs ne se résume pas seulement à deux personnes. Il y a un conseil d’administration. On ne réussit jamais seuls !» – il leur prend l’envie de grimper sur le parking Diderot et d’y organiser le Rooftop. Il n’y avait jamais eu autant de monde sur le toit d’un parking.

«C’est là que nous avons pris la décision d’organiser un gros événement tous les ans.» Suivront alors la Pool Party #1 à la piscine à vagues fraîchement désaffectée, puis Happy Pool Party #2, la visite aux Cordeliers pour « Épopée », ode à l’Amérique des années 50, celle du swing et des claquettes, les soirées hantées d’Halloween ou encore le jardin des Capucins transformé en fête foraine à l’été 2023. Le couple «raide dingue» en tire une évidente fierté, mais surtout du bonheur à voir les gens heureux. «C’est un conte de fées que l’on vit, dit Jean-Marc. On est une association de passionnés, on a un réseau, beaucoup d’adresses mails et toujours les mêmes partenaires. Les one-shot, c’est drôle à organiser.»

Des marionnettes médiévales

Cela leur a valu un prix lors de la cérémonie des Rubans verts d’une banque de la même couleur. 2024 ne dérogera pas à la règle, mais l’heure n’est pas encore venue d’en parler. Ce sera peut-être en septembre. À moins que ce ne soit en juin. Eux savent déjà, mais même sous la torture, Jean-Marc ne lâchera rien. Ailleurs sort à peine de l’organisation d’un spectacle de marionnettes médiévales évoquant la vie de saint Eustache. La compagnie La Mariolle est venue en résidence pour se rôder à Saint-Martial avant de dévoiler son spectacle en l’église Saint-Eustache à Paris. Le prochain rendez-vous, ce sera la lecture théâtralisée « Femmes, justice et Révolution » (lire ci-dessous).

Le sujet est sérieux. Comme Anne Trémolières (à droite avec le couple Sala sur la photo) a la main sur la mise en scène, Marie-France et Jean-Marc ont apporté leur modeste contribution en conviant l’autophotographe Féline Harfang qui présentera ses clichés dans la salle des pas perdus du Tribunal le temps d’une exposition éphémère, « Hommage à la féminité ».Après il sera quand même temps de penser à l’événement de l’année, « the place to be » où se presseront les foules. Jean-Marc Sala concède que la difficulté réside toujours dans le choix du site. Il énumère ceux qui lui ont échappé : le « château » Seron, l’aéroport Marcel-Dassault, la Poste centrale, l’ancienne Banque de France, la salle Racine…Mais il suffit de voir les visages de Marie-France et Jean-Marc arborer un sourire énigmatique pour deviner qu’ils ont de la ressource. Bientôt Ailleurs ira porter l’étincelle de culture. «Un spectacle ici, le prochain Ailleurs. C’est nous !»

Femmes, justice et révolution

En attendant le grand événement de l’année, les Sala, l’association Ailleurs et la Cie Bol d’Air vont pousser les portes de la grande salle d’audience du Tribunal de Châteauroux. Ce 8 mars, dans le cadre de la journée internationale des Droits des Femmes, Anne Trémolières et Jean-Yves Patte présenteront « Femmes, justice et Révolution », lecture théâtralisée de lettres de femmes emprisonnées dans l’Indre en 1794 à l’époque de la Terreur. Déjà jouée aux Archives départementales de l’Indre, la pièce «propose des témoignages émouvants et une interaction avec le public. Pour la compagnie, organiser ce spectacle avec Ailleurs est un bon partenariat. Nous allons faire venir des gens qui n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre.» Deux séances gratuites sur réservation (14h & 15h30, ailleurs.1901@gmail.com) permettront d’accueillir 100 personnes à chaque fois.

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