Et le MAF régional est…

Le concours du Meilleur Apprenti boucher Centre-Val de Loire a lieu à Châteauroux. Inédit…

par Nicolas Tavarès


Affûtez feuille, préparez attendrisseur, tremblez basses côtes ! Le 11 mars, le monde de la boucherie indrienne sera en émoi. Enfin au moins la relève de la profession et le président du syndicat des bouchers de l’Indre. Pour la première fois, Châteauroux et le CFA des métiers vont recevoir la phase régionale du concours du Meilleur Apprenti de France (MAF). On peut vous dire que ça va faire du bruit dans le persillé et que ça va désosser et éplucher à tout-va. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour Jean-François Paradis, premier des bouchers de l’Indre, le MAF à domicile, ça veut dire beaucoup.

C’est une joyeuse parenthèse dans un quotidien morose. Comme d’autres corporations en souffrance, la boucherie charcuterie traverse sa période de crises à commencer par celle des vocations. «Vous vous rendez compte, au CFA, ils ne sont que quatre en formation. À mon époque, nous étions 35 !» se lamente Jean-François Paradis qui a joué de sa faconde pour attirer le jury du MAF régional en terre berrichonne. «Je suis président des bouchers depuis deux ans et il y a plus d’un an, je suis allé assister aux éliminatoires du MAF à Tours. Je me suis dit : « Il faut qu’on l’ait chez nous ! » Pour nos apprenants du CFA c’est un honneur.»

«J’aime l’événementiel»

Derrière son enthousiasme, le Blancois installé depuis 28 ans rue Grande à Châtillon, cache en fait un goût prononcé pour l’organisation d’événements. La Brenne lui doit un Octobre Rose de haute tenue l’année dernière. Pour la bonne cause, il avait mobilisé jusqu’à François Cases Bardina de l’émission télé « Affaire Conclue ». Plus de 9000€ de dons récoltés ! On a beau être boucher, on peut avoir un gros coeur et la larme facile à l’évocation de cette réussite. Avant cela, au Salon International de l’Agriculture, M. Paradis avait déjà fait parler de sa corporation en présentant un burger berrichon qui a laissé les visiteurs sur le séant. «J’aime l’événementiel et rassembler mes collègues, plaide l’homme à la casquette rouge. Au moins, on parle de nous.»

Comprenez autrement que pour évoquer les difficultés du quotidien de la profession. Pourtant, jamais Jean-François Paradis n’élude les problèmes, «les tarifs du gaz et de l’électricité qui montent, la viande de plus en plus chère surtout si on tient à travailler des bêtes élevées dans la région…» Mais quand les promoteurs du concours MAF accèdent à son souhait d’organiser la finale régionale à Châteauroux, alors Jean-François est heureux tout simplement. Et il partage volontiers les honneurs avec son équipe, notamment Claire Bigot qui assure un rôle essentiel à son poste de secrétaire du syndicat. Le 11 mars, ils seront évidemment au CFA pour pousser derrière les deux représentants de l’Indre qualifiés après le MAF départemental. Noa Bertrand (Le Billot d’Alexandre à Frédille, photo) a remporté d’un rien son bras de fer face à Mattéo Giraud (Boucherie Marsais à Niherne). Les deux ont participé à une journée de préparation à Paris, en février. Ils seront les ambassadeurs du département opposés à dix autres candidats du Centre-Val de Loire. Les deux premiers fileront en finale.

Des heures dans le froid

Le concours MAF est une épreuve à part entière dans le CAP. De son propre aveu, Noa Bertrand abordait la phase départementale sans pression. «Je venais faire le concours pour m’exercer, savoir où j’en étais. C’est une fois lancé que je me suis pris au jeu. On avait quatre épreuves : désossage, épluchage pour dénerver le morceau de viande, ficelage et présentation. Il fallait être précis.» Et surtout concentré sur la carcasse. Car le MAF se joue dans les détails et des conditions particulières. La salle d’examen, par exemple, est pareille à une chambre froide et ça dure 4 heures ! Autour des candidats, les membres du jury papillonnent pour assurer notation et coaching des candidats «mis en situation, comme s’ils étaient en boutique en train de gérer du personnel tout en préparant la commande d’un client» explique Gérard Nieto, professeur de Noa et Mattéo au CFA des métiers.

«Même si j’y allais pour le plaisir, il y a finalement eu un peu de pression, admet Noa Bertrand. Je savais que Mathéo serait mon principal concurrent, on en a un peu parlé entre nous. Maintenant, lui comme moi, nous avons de l’ambition pour le MAF régional. J’y vais pour être le meilleur et être encore plus performant qu’en janvier.» Apprenti à Frédille depuis janvier 2022, Noa incarne le boucher de demain : talentueux, motivé, à l’écoute. «Mon patron a su me montrer toutes les facettes du métier de boucher» dit celui qui veut réussir son CAP «puis tenter le Brevet professionnel à Tours avant de faire un CAP en charcuterie.» Si en plus il s’ouvrait les portes de la finale nationale du concours, on peut être certain que Jean-François Paradis verserait sa petite larme. Allez, on pose une pièce sur le billot.

Rechercher
X