Pour eux, la course c’est le pied

La mode du running met tous les coureurs du dimanche à la fête

Ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la course à pied. Pour dépasser leurs limites tout en gardant la notion de plaisir. Plongée au cœur du peloton des runners amateurs. 

P26Selon une récente étude d’Esprit Running, plus de 6 millions de Français pratiquent la course à pied plus ou moins régulièrement. Une mode sur laquelle surfent bien évidemment les équipementiers et les associations sportives. Pas forcément les clubs affiliés à la Fédération française d’athlétisme qui lorgnent pourtant sur cette manne financière évidente.

Le mois dernier, Carré Barré s’est rendu à Millau (Aveyron) où plusieurs athlètes indriens participaient à la Course Eiffage du Viaduc, plus de 15000 participants et 24 bornes de montée et de descente sur l’édifice millavois. Un must au même titre que le marathon de Paris ou les (ultra) trails qui attirent une foultitude d’athlètes du dimanche. La plupart avec le seul objectif de terminer. A 45 ans, David est de ces coureurs lambda venus au running sur le tard : « Plus jeune, j’ai joué au foot et fait du judo. Des footings, j’en faisais comme ça et puis j’ai sauté le pas en 2015. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie ça. Pour moi c’était un challenge. Je voulais me prouver qu’avec de l’entraînement, je pouvais être près d’un podium, près de la performance. » Onze mois plus tard, David a perdu 11kg sur la balance et s’est déjà offert son premier marathon (Cheverny). Une rareté. « Je m’attendais à quelques difficultés, à des douleurs aux genoux et au dos du fait de mon métier de chauffeur routier chez Le Seyec. Ceux qui me connaissent sont épatés, poursuit ce volubile de nature. Désormais je me dirige plus vers les trails. Faire un jour un podium dans ma catégorie d’âge, ce serait le top. Une cerise sur le gâteau pour remercier Gérald Fortuit (lire par ailleurs) qui m’a fait mes plans d’entraînement. C’est un super technicien. Il t’observe, te dis très vite ce qui ne va pas. Grâce à lui, mon challenge est déjà relevé ! »

« Plus les gens viennent courir ! »

P26-bPrésident de la Berrichonne athlétic club, affiliée à la Fédération française d’athlétisme (FFA), Didier Ballereau voit plutôt d’un bon oeil la mode du running. « Je ne suis pas dans l’esprit de mal le prendre » se démarque le dirigeant, à la différence des instances nationales qui se demandent comment récupérer plus de licenciés. « Les gens n’ont pas forcément envie de de venir en FFA. Comment être hostile du reste ? Quand tu vois de la masse sur les courses, obligatoirement, tu sais que des gens sortiront pour pousser la porte d’un club fédéral. Et puis ce que je remarque surtout, c’est qu’un public féminin sort du lot. A la Berri, j’ai de plus en plus de femmes. Si cette mode conduit à avoir une pratique sportive régulière, pourquoi s’en plaindre ! »

L’Ekiden pour le fun

Stéphanie, 38 ans, évolue dans une autre dimension. Le viaduc de Millau, elle le voit tous les jours puisqu’elle demeure à trois kilomètres de ses piles. Mais le temps de la course, elle héberge les athlètes indriens avec qui elle s’aligne, depuis trois ans, au départ de l’Ekiden de Châteauroux « parce que j’adore l’ambiance de ce type de course ».

Sa préparation physique est plus empirique. « Gamine j’ai fai du sport puis il y a eu les études, les enfants (4). En fait, je me suis mise à courir avec Sébastien, mon mari, parce qu’on pouvait pratiquer une activité sportive ensemble. » D’un caractère bien trempé, Stéphanie admet « être un peu faignante l’hiver quand il faut aller courir dans le froid. Mais je n’ai jamais fait la course du Viaduc. Je voulais absolument la faire au moins une fois. La compétition n’est pas un objectif. Courir après le boulot n’est pas toujours simple. » Sur le Viaduc, Stéphanie s’est classée 6861e en 2h34. David, lui, a bouclé le parcours au 1650e rang en 2h07 !P27

Le marathon à la portée de tous

Directeur sportif de l’ASPTT Sports Nature, Gérald Fortuit parle de « vraie mode du running. » Mais le préparateur physique ne cache pas sa prudence devant l’afflux de coureurs à pied de tout crin : « Beaucoup arrivent en disant  » je veux faire le marathon. « . Il ne faut surtout pas essayer de le faire la première année. 42,195 km, c’est à la portée de tout le monde, mais il faut que le temps d’entraînement soit en adéquation avec la vie familiale, les temps de loisirs et surtout le passif sportif du coureur à pied. Alors oui, ça peut être frustrant, mais courir un marathon ne se fait pas en trois mois ! Cette course doit être bien vécue par l’athlète et pour cela, il faut habituer l’organisme. » L’autre mode du moment, c’est le trail. Là encore, Gérald Fortuit invite à la prudence : « Il faut une musculature particulière d’autant que la plupart des trails longs sont associés à la notion de dénivelé. Le trail long, c’est encore plus dur que le marathon ! »

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