10 000 vis et moi et moi et moi

Construire seul sa maison à énergie positive c’est possible. La preuve

Reynold Klomp vit depuis deux ans dans une maison à énergie positive qu’il a monté de ses propres mains. Il a pris un temps d’avance. En 2020, toutes les nouvelles constructions devront respecter la norme BEPOS.

La norme BEPOS, ça vous parle ? Et le Bâti à Energie POSitive ? Non, toujours pas ? En 2020, toutes les nouvelles habitations devront pourtant respecter cette norme. Reynold Klomp, Hollandais de 51 ans, n’a pas attendu l’échéance. Touche à tout de la bricole, électricien et électronicien de formation, passé par la topographie et le dessin industriel, il a décidé de monter sa propre maison à énergie positive. Depuis novembre 2014, il s’est posé à Coings avec sa famille dans une maison tout en bois de 106 m2. Voilà pour les généralités.

Pour bien mesurer l’intérêt de sa construction qui n’a vu des entrepreneurs intervenir que pour le terrassement, le gros œuvre électrique et la pose de panneaux photovoltaïques, il faut se pencher sur la facture d’électricité de la famille. « Ça fait rêver ! » s’amuse Reynold en pointant les 48,13 € hors taxe d’électricité consommée auxquels s’ajoutent les taxes et deux mois d’abonnement habituels. Pour les mois de septembre et octobre, le bâtisseur a déboursé 92 € TTC. Une paille. « Il y a un moment que cela me trottait dans la tête, raconte Reynold. Je me suis inspiré des cabanes de jardin basiques sauf que là, c’était plus grand. Et comme j’adore le bois, la construire avec cette matière première était un bon moyen de gagner du temps. Du début du terrassement à l’occupation des lieux, il s’est passé 4 mois et encore, il y a eu un petit retard dans la livraison du matériel… »

Deux systèmes photovoltaïques

Un rapide état des lieux dévoile une partie des secrets de la petite maison dans la prairie : 2 types de systèmes photovoltaïques, l’un sur le toit pour revendre l’électricité produite, l’autre constitué d’un traceur solaire afin d’optimiser l’énergie produite en autoconsommation. Sous la toiture, une ventilation double flux avec pompe à chaleur intégrée assurant ventilation, chauffage et climatisation. « L’ensemble chauffage et production d’eau chaude consomme environ 800 watts, autant qu’un grille-pain. Quand le soleil apparaît, cette consommation est compensée par le traceur… »

Sous la maison, une réserve d’eau de pluie de 7m3 qui alimente toilettes et système d’arrosage. Pour la vaisselle et la machine à laver, le branchement est eau chaude thermo régulée. Enfin, la dalle et le mur de soubassement sont en matériaux isolants. Reynold l’affirme : « J’ai fait la maison que je voulais. Si on devait en refaire une, ce serait exactement la même. Allez, si je devais procéder à un changement, ce serait pour installer un second tuyau entre la salle de bain et la machine à laver. C’est rien du tout. Le toit solaire produit plus d’énergie que la maison n’en consomme. Non, vraiment il n’y a rien à changer. » A l’intérieur, Reynold ne s’est même pas résolu à installer un système domotique dernier cri. « Il y a quelques boutons sans fil et des sondes pour vérifier quelques données, mais rien de plus. »

Vient alors le moment de s’interroger sur les motivations qui l’ont poussé à se lancer. « Je n’ai pas l’âme d’un écolo. Le bois c’est renouvelable, certes, mais j’ai fait venir du mélèze de Lituanie… Avoir l’âme écolo, ç’aurait été d’aller chercher des troncs, mais on aurait eu des soucis. Non, c’était avant tout un projet économique. Il faut seulement intégrer l’idée qu’on peut fabriquer sa propre électricité et l’utiliser directement. »

Il faut voir le visage de Reynold lorsqu’il vous fait le tour du propriétaire. On comprend alors que le jeu en valait la chandelle. Et le bâtisseur de s’amuser à compter le nombre de vis qu’il a utilisé pour le bardage de sa maison : « 10 000 en inox. Je te passe le détail pour l’intérieur… »