Allez, envoyez la musique !

Châteauroux et la place Voltaire sont privés de Darc ? Les patrons du « Sans Chichi« , du « Bruit qui Tourne » et du « Café des Halles » proposent leur alternative musicale.

par Nicolas Tavarès

Bazar & Bémols a essuyé les plâtres aux Halles

En août, Châteauroux bouge encore! En période de coronavirus et d’annulation du 45e stage festival Darc, on pouvait craindre que la ville se laisse gagner par la sinistrose. Et pourtant, oui pourtant, les rues de l’hyper centre vont sortir de leur torpeur grâce aux efforts de quelques patrons d’estaminets bien décidés à ne pas s’en laisser conter. «On sentait une morosité en matière d’ambiance», convient Nicolas Pernot (Le Sans Chichi). «Les gens réclamaient des concerts» ajoutent en choeur Rémi Leguillon et Bérenger Trompesance (Le Bruit qui Tourne). «Il y avait un vrai manque à ne pas pouvoir apporter d’animations aux clients cet été!» ponctue en écho Florian Souedet (Café-Brasserie des Halles).

Les uns rue Grande, l’autre place Monestier ont donc pris leur courage à deux mains et, pourvus des autorisations nécessaires, ont décidé d’envoyer la musique en plein air. Le premier à essuyer les plâtres aura été Florian Souedet ce jeudi 6 août en ouvrant le micro à Bazar & Bémols déjà passé par Darc au Pays. «Ça ne me posait aucun problème d’essuyer les plâtres, j’aime plutôt ça, convenait le patron au matin de ce coup d’envoi. La ville avait levé les doutes, mais on savait qu’on y allait quand même avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Par rapport au contexte, c’était un véritable test, mais à partir du moment où l’on est vigilant vis-à-vis des distanciations. J’ai organisé ma terrasse en fonction et avec l’idée qu’il n’y ait pas d’attroupement.»

Musique et grillades place Monestier

Florian Souedet a ouvert le ban place Monestier

Jugé sur pièce, le public venu nombreux s’est responsabilisé. Bazar & Bémols offrant un répertoire swing et chaleureux idéal pour un soir d’été, la terrasse des Halles était bien remplie avec toute la distanciation nécessaire et le masque de rigueur pour circuler. Autant de raisons qui laissait à Florian Souedet toutes les raisons d’espérer pour la suite du mois d’août. Car si le Before Darc fera relâche place Monestier, le fort des Halles a décidé d’offrir un août musical saupoudré de rendez-vous culinaires et grilladins (les soirées des 14 et 28 août), un moyen de rappeler que la vocation des Halles est de se partager entre bistrot et brasserie… «On ne peut pas être commerçant et attendre que le client vienne. Il faut lui proposer des animations. Alors on a également programmé deux autres concerts: Les épines de Mymi Rose, du swing théâtral le 15 et le reggae du Collectif Team Peace le 22.»

Bérenger Trompesance, Nicolas Pernot et Rémi Leguillon se préparent à recevoir en terrasse

Autre salle et tout autre ambiance à quelques centaines de mètres de là, à un endroit stratégique de la rue Grande. Le Sans Chichi et Le Bruit qui Tourne ont décidé de faire terrasse commune. Contraints par les obligations sanitaires en vigueur, Bérenger Trompesance, Rémi Leguillon et Nicolas Pernot ont remonté leurs manches et se sont jetés à l’eau pour «participer au dynamisme de la ville» comme l’explique le patron du Sans Chichi. Trois soirées musicales aux inspirations pop rock s’annoncent et personne ne s’en plaint. «Depuis notre réouverture on sent la clientèle festive. Elle est privée des établissements de nuit et dès qu’il y a de la musique, tu la vois trépigner sur place, se navre Nicolas. Le Bruit qui Tourne a amené une animation extérieure, on s’est donc associé pour organiser ça sur nos terrasses en s’adaptant aux consignes même si le masque reste la plus compliquée.»

Coupe de France des covers rue Grande

«Le maire avait laissé entendre que nous devions être force de proposition, poursuit Bérenger. Il fallait se glisser dans l’espace libéré par Darc, que ce soit tranquille et, si ça marche, qu’on refasse ça l’an prochain. Les concerts seront du quasi acoustique, pas agressif du tout.» Le 21 août, Keaton Keaton ouvrira donc le ban. Le lendemain c’est Bad Buddah qui investira le pavé et le 29, bouquet final avec Walnut Groove et un DJ set pour que les corps bougent un peu. Point commun entre ces trois groupes, une propension à jouer des reprises bien léchés: «Des groupes de covers, oui, mais des covers décalées», prévient Bérenger, tenant de l’esprit underground qui transpire au Bruit qui Tourne. «On s’est dit, tiens, on va organiser la Coupe de France des covers», rigole même l’organisateur, bien décidé à faire monter la sauce sur les réseaux sociaux en faisant voter les followers pour désigner le meilleur groupe.

Le ton est donné et laisse apparaître la farouche volonté des bars de la ville à faire battre le cœur de Châteauroux. «Aucune animation en août? Non, c’était inconcevable, martèle Rémi. Ça va faire du bien à tout le monde et ça va nous mettre en confiance.» Des Halles au Sans Chichi, ce ne sera sans doute pas comme dans le monde d’avant, mais ça vibrera. D’une autre manière.

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