Au chapitre sport

Pour vivre l’Envolée des Livres de Châteauroux, il faudra mouiller le maillot et chausser les crampons

par Nicolas Tavarès

A moins que vous n’exhumiez un vieux manuscrit prouvant le contraire, c’est bien connu, au XIIIe siècle les frères franciscains, bâtisseurs du couvent des Cordeliers, étaient autorisés à porter le short sous la robe de bure. D’ailleurs, le cloître résonne encore d’âpres parties de soule disputées par frère Bonencontre et ses coreligionnaires. On extrapole sans doute un peu, mais imaginez… 1210 ans plus tard, ce sont cette fois des bruits de crampons et d’odeurs de vestiaire qui vont venir troubler la quiétude des lieux. Pour sa 17e édition, l’Envolée des Livres, le salon du livre de Châteauroux (4 & 5 mai) ne va pas échapper à la frénésie sportive qui s’empare de la ville en cette année olympique. «Nous aurions pu ne pas parler de sport, mais nous aurions manqué un axe de communication» admet Sébastien Rahon, directeur de la culture et du réseau des bibliothèques de Châteauroux.

Un parrain venu d’Ovalie

L’Envolée des Livres va donc se lancer dans les figures imposées, faisant de Daniel Herrero son parrain. Irène Frain, Jérémy Fel, Jérôme Attal, Aurélien Bellanger ou Macha Méril assureront pour leur part le programme libre afin de satisfaire les réfractaires à l’effort sportif. Mais revenons à Herrero qui a tout du héraut d’Ovalie pour les uns, et figure comme le plus célèbre barbu porteur d’un bandeau rouge pour les autres. L’ancien troisième ligne et entraîneur du RC Toulon a le verbe chantant et la plume alerte comme le démontrent son Dictionnaire amoureux du rugby des tempes modernes ou son récent Attrape Rêves.

Faire du Provençal un parrain s’inscrivait naturellement dans l’histoire de l’Envolée des Livres. «C’est une pointure, insiste d’ailleurs Sébastien Rahon, mais nous ne voulions pas faire un salon avec des sportifs ou des auteurs écrivant sur le sport. Je tenais à ce que l’on montre aussi des amoureux des belles lettres.» Les organisateurs ont donc privilégié de l’authentique et du cultivé. L’un n’empêchant pas l’autre. L’étiquette colle parfaitement à un autre invité : le footballeur Dominique Rocheteau. L’ange vert, ce qui ne signifiera absolument rien pour les moins de 40 ans, ne reste pas seulement comme l’idole de toute une génération. L’homme écrit et plutôt bien. Auteur d’une biographie On m’appelait l’ange vert et de Foot Sentimental, l’ex avant-centre de Saint-Étienne a toujours voué une passion pour la musique, allant jusqu’à assurer pendant sa carrière une chronique dans le magazine Mondial. «Il a assisté à plein de festivals rock et il a vu le Jefferson Airplane» ajoute Sébastien Rahon.

Un ange (vert) passe

Présent le samedi du salon, Rocheteau trouvera à l’Envolée des Livres terrain à sa convenance, vous le verrez plus loin.Dans un autre registre sportif, Renaud Leblond, fondateur du prix littéraire Jules-Rimet qui a pour objectif d’assurer la promotion des valeurs conjuguées du sport et de la culture, viendra présenter Le nageur d’Auschwitz, l’histoire d’Alfred Nakache. Le salon réservera également une place de choix à Nelson Monfort, devenu un habitué des événements castelroussins. Son actualité du moment tient en un étonnant ouvrage : Cahier de vacances adultes – Un été sport. Mais le journaliste surprendra les visiteurs avec ses Mémoires Olympiques évoquées avec le piano de Franck Ciup. Stéphane Gachet, JO d’été, tous les médaillés français, et Raymond Domenech, Tout seul, complèteront la sélection.

Comme tous les ans, le rendez-vous castelroussin fera preuve d’éclectisme. Tous les genres littéraires seront représentés, «nous sommes complet depuis le mois de décembre», se félicite Sébastien Rahon, faisant ainsi comprendre que Châteauroux a tout de la « place to be ». En marge du salon, tables rondes sur l’art ou sur le polar autour de Jérémy Fel, Emma Ferey, Benjamin Fogel et le juge Éric Halphen, des conférences, des rencontres flash dont un tête-à-tête Daniel Herrero vs Hubert Artus, ou des ateliers manga confirmeront que l’Envolée des Livres favorise les spécialistes de l’endurance plutôt que les sprinters de l’allée centrale. En matière de dédicaces d’auteurs c’est toujours de patience dont il s’agit.

Mais nous évoquions plus haut la passion de Dominique Rocheteau pour la musique. En acceptant l’invitation, l’ancien stéphanois ne se doutait pas qu’on lui consacrait un aussi large chapitre au coeur du couvent. «La thématique musicale est relativement facile à monter, en tout cas plus facile que d’avoir des sportifs qui, à cette époque de l’année, peuvent être retenus par leur rôle de consultant pour la télévision» reconnaît Sébastien Rahon. Pascal Quignard et les notes du piano d’Aline Piboule lanceront donc la manifestation dès le vendredi soir autour du Dernier amour de Fauré à la Chapelle des Rédemptoristes. Le samedi, Joseph D’Anvers sera en show case au Café Équinoxe avant qu’une poésie apéritive ne se pose sur le dimanche.Du couvent des Cordeliers à la Chapelle des Rédemptoristes et l’église Saint-Martial, l’Envolée des Livres s’annonce comme un marathon littéraire. D’ici à ce que vous aperceviez des frères franciscains en short.

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