Coup de théâtre chez Sand

Restaurations en cours au domaine de Nohant et au château de Bouges

par Nicolas Tavarès

Pour le Centre des monuments nationaux, 2021 rime avec restauration. Le théâtre du domaine George Sand et le château de Bouges sont en chantier pour se refaire une beauté.

En sa demeure de Nohant, George Sand a toujours considéré l’art comme un invité d’honneur. Littérature, peinture ou musique y avaient droit de cité en toutes circonstances. Le théâtre se devait d’y tenir une place de choix. «Dès 1846, une activité d’improvisation se déroulait à Nohant, raconte Caroline Boutrelle, chargée de communication du Centre des monuments nationaux. Mais à partir de 1851, il y a eu un vrai théâtre que George Sand a transformé en lieu expérimental pour ses pièces jouées à Nohant avant d’être présentées à Paris. Environ 150 pièces ont été jouées ici.»

C’est pour ce petit théâtre, initialement chambre d’amis, et qui pouvait accueillir jusqu’à 50 personnes, que le Centre des monuments nationaux a engagé de grands travaux de restauration de la fin de l’hiver jusqu’en novembre prochain. Une période durant laquelle, évidemment, le théâtre sera retiré du circuit des visites. Magali Bélime-Droguet, conservateur du patrimoine, a la responsabilité du chantier qui a débuté en février dernier quand tous les décors ont été enlevés puis délicatement entreposés dans les combles de la maison. Dès lors, le théâtre de George Sand n’a eu de cesse de révéler ses secrets.

Six décors enlevés

Magali Bélime-Droguet, conservateur du patrimoine, dans les combles de la maison de George Sand

«C’est un théâtre bavard ! Tout était très bien conservé, détaille Magali Bélime-Droguet. Il y avait évidemment de l’empoussièrement, mais ce n’était qu’un vieillissement du temps. Nous savions que les décors avaient été conçus par des amateurs, mais Maurice Sand s’y était très investi. Il avait été formé dans l’atelier de Delacroix. Nous avons même découvert un décor peint directement sur le mur.» Mais six au total ont été enlevés. Représentations d’une grotte, d’une forêt, d’une serre, d’un salon Louis XV, d’un estaminet ou d’un jardin, ils étaient peints et deux d’entre eux étaient encore complets. Dès le lancement du projet de restauration il y a une dizaine d’années, il était convenu qu’un décor serait choisi pour être réinstallé dans le théâtre une fois celui-ci remis à neuf. Pas une mince affaire car le Centre des monuments nationaux souhaitait conserver les spécificités de ce théâtre de société.

La luminosité du lieu était chiche, l’éclairage fait de lanternes en papier huilé et même de bougies parfumées. Un concepteur lumière travaillera donc sur un rendu d’éclairage à la bougie tandis que le réseau électrique sera refait aux normes. À l’automne, c’est la représentation de la serre qui viendra trôner en arrière-plan sur la scène. «Après une étude sur les théâtres de société, il s’est avéré que nous n’avons pas retrouvé de trace de décor de serre. Ce sera donc une originalité pour Nohant. Nous n’avons pas plus retrouvé d’archive précisant quelles pièces avaient été jouées avec ce décor» regrette Magali Bélime-Droguet. Elle s’improvise alors guide pour rejoindre les combles où sont délicatement rangés des châssis.

La serre dans la bergerie

Dans la bergerie du domaine George Sand

Le conservateur du patrimoine encore : «Quelques éléments étaient très abimés, une dizaine de pièces en tout, qui ont nécessité une intervention en urgence.» Toutes les pièces sont désormais répertoriées, protégées sous film et confortablement disposées dans une réserve sèche et chauffée. Autre ambiance dans l’auditorium de la bergerie du domaine où l’équipe du Centre Voltaire de conservation et de restauration de Paris œuvre sur le fameux décor de la serre.

Marie- Noëlle Laurent-Niri dirige l’atelier. Ici, tout est affaire de spécialistes. Six personnes se consacrent à la remise en forme des éléments en bois, papier, verre ou métal. Depuis le début du chantier, les phases de documentation, dépoussiérage, décrassage et consolidation des éléments ont fait le quotidien des intervenants. L’ambiance est studieuse, «mais ici, ce n’est surtout pas de la rénovation, c’est du patrimonial» reprend Marie-Noëlle Laurent-Niri. Cela reste un travail de fourmi dont les bénéfices ne seront visibles qu’en toute fin de saison.

www.maison-george-sand.fr

Bouges se refait une beauté


Édifié au XVIIIe siècle, le château de Bouges profite d’une cure de rajeunissement qui se prolongera jusqu’en 2022. Sous la maîtrise d’œuvre d’Olivier Salmon, architecte en chef des monuments historiques, les travaux d’embellissement touchent les quatre façades de l’édifice qui montraient quelques désordres sur les maçonneries et menuiseries. Outre les éléments sculptés (photo), la restauration sera d’actualité en intérieur avec un chantier sur les 41 paires de rideaux du château datant entre 1910 et 1918. Un tapissier interviendra. Le Centre des monuments nationaux reste dans l’expectative quant à l’accueil du public. Les conditions d’accès sont précisées sur le site du château de Bouges.

www.chateau-bouges.fr

Rechercher
X