Garage partagé, le jeu d’Arcade
L’association castelroussine Arcade permet de rénover son véhicule d’époque
par Nicolas Tavarès

Quelques-uns des pères fondateurs d’Arcade (à droite, Philippe Mériau)
À Châteauroux, coincée entre des maisons d’habitation, une association dispose de locaux et de matériel pour réparer de vieilles autos. Bienvenue chez Arcade.
Si Philippe Mériau n’était pas en mesure de retracer l’histoire de l’endroit, on pourrait aisément se croire dans un de ses vieux garages des années 50, quand le progrès ne les avait pas repoussé à la périphérie des villes. Bidons d’huile moteur sur les étagères qui font office de bibelots ; collection complète de guides techniques datant de Mathusalem, lorsque celui-ci n’était même pas en âge de conduire, c’est dire ; plaques d’immatriculation et affiches de courses du siècle dernier. Le 67 rue de la Fontaine-Saint-Germain à Châteauroux n’est plus de première jeunesse mais l’association Arcade en a fait son havre de paix. Arcade pour Atelier de Restauration Collaboratif d’Automobiles D’Époque, une association créée par des passionnés en octobre 2018 et à laquelle la ville de Châteauroux a loué deux hangars accolés au cimetière Saint-Denis.

Un pont décidément trop loin
Atelier mécanique dans les années 50, garage Austin Rover dans les 80 puis pompes funèbres et carrosserie, l’adresse offrait tellement d’avantages pour Arcade que Philippe Mériau et ses amis n’ont pas fait la fine bouche. «Arcade est née d’une discussion entre passionnés de voitures anciennes. On bricolait tous nos autos mais chacun de son côté» se souvient Philippe que les copains ont élu président. Alain a pris le poste de trésorier, Éric Chalmain la vice-présidence, Pascal Dolczewski, le secrétariat, Jean-Pierre et d’autres ont formé le noyau dur. Aujourd’hui Arcade, c’est une trentaine de membres qui se croisent au gré de leurs visites au « garage ». Philippe Mériau, toujours : «Moyennant une adhésion de 120€ par an, vous pouvez venir ici sans restriction pour entretenir ou restaurer un véhicule. Mais cela ne concerne que des véhicules anciens jusqu’à l’année 2000. On sait monter et remonter une voiture, mais ce n’est surtout pas notre métier. Nous sommes des passionnés avant tout et Arcade n’est surtout pas là pour faire de la concurrence aux garagistes. De toute façon, nous n’avons pas le matériel pour travailler sur des voitures modernes.»
Datsun 240 et Mustang importées

Décoration d’intérieur réalisée par Valérie Damido
Deux ponts, du matériel racheté dans un garage qui mettait la clé sous la porte : ici, on fait du (presque) neuf avec du vieux. «Nous n’avons ni cabine de peinture, ni d’espace carrosserie. Nos membres viennent changer un pot d’échappement ou des pièces diverses et variées. Et si quelqu’un a besoin, on vient tous donner un coup de main.» De l’autre côté du bâtiment, une vieille 2cv fourgonnette arrivée dans son jus est en plein lifting. Son propriétaire s’attaque au châssis. La bête roulera sans doute un jour, mais pas demain. Remettre en état un voiture ancienne, c’est d’abord faire l’éloge de la patience.
Tout en s’improvisant guide, Philippe Mériau raconte les petits bijoux qui, parfois, viennent poser leurs roues rue Fontaine-Saint-Germain. «Depuis peu, nous avons une Datsun 240 Z des années 70. Elle a été importée des États-Unis. C’est un modèle très rare en France et parfaitement entretenu. Un jeune qui ne connait rien à la mécanique est également venu avec une Mustang cabriolet. Quand le sablage de la carrosserie a été fait, il a vu apparaître plein de trous ! L’un de nos tout premiers adhérents nous a découvert lors de nos premières portes-ouvertes organisées chaque année pour nous faire connaître. Il est arrivé avec une Dyane restée là pendant un an. Il venait travailler dessus le soir après le travail. On l’a tous aidé.»
Le garage intergénérationnel

Je vous fait la révision ?
Philippe, lui, a profité du matériel de l’asso pour maintenir en forme une Fiat Ritmo Abarth. Alain, l’imite avec ses Fiat coupée et Panda. Les samedis matins ou les lundis après-midi, le premier cercle pousse la porte du garage. On cause mécanique, on parle de choses et d’autres. Les retraités donnent quelques conseils aux plus jeunes.
«On tient à ce côté intergénérationnel, insiste le président d’Arcade. Pour la convivialité on organise deux sorties par an. Nous avons aussi un stand à Rétro Berry : on récupère des pièces détachées que l’on remet en état et que l’on propose ensuite à la vente. On prend aussi des voitures à l’abandon. Nous avons eu deux Alfa 33 que l’on avait acheté pour les restaurer et les revendre ensuite histoire de faire un peu de trésorerie pour l’association. Ce qui nous manque, parfois, ce sont quelques bonnes volontés, d’anciens mécanos en retraite.» Rare concession à la modernité, le groupe créé par ses membres sur la messagerie Whatsapp. Il leur permet de battre le rappel pour rejoindre le siège de l’association. Trois fois par semaine, et plus si affinités.
Arcade
67, rue Fontaine-St-Germain à Châteauroux
Tél.: 06 33 11 19 74
Facebook: Association Arcade