Gattin donne de la voix

Président du Festival de la Voix, Régis Gattin ou l’itinéraire d’un vrai gentil

par Nicolas Tavarès

Régis Gattin est arrivé par la petite porte au Festival de la Voix de Châteauroux. «Je n’ai pas vu la première édition en 2006, confesse-t-il. Je crois que je suis devenu bénévole la deuxième année ; j’installais quelques chaises pour un concert aux Cordeliers…» La manutention mène à tout : en 2010, il succédait à Isabelle Guillaumet à la présidence du festival créé par Anne-Marie Delloye Thoumire et Loïc Pierre. «Isabelle ne souhaitait pas poursuivre sa mission, mais elle est toujours membre du conseil d’administration du festival. Quand tu deviens président, tu as l’impression qu’on te prend par les épaules et qu’on te lâche du haut de la falaise.»

Sauf que Régis a plutôt bien maîtrisé la chute. Au moment où débute le 19e Festival de la Voix (17 au 19 mai), l’homme peut se retourner sur les dernières éditions et être fier du devoir accompli par son équipe avec les gens du CEPRAVOI, l’association missionnée par la DRAC et la région Centre-Val de Loire, pour contribuer au développement culturel des territoires. Une co-organisation dans laquelle chacun a trouvé sa place.

2018, la montée en puissance

In Chorus, l’un des choeurs conviés sur les concert’in du Festival de la Voix.

Dans l’Indre, le Festival de la Voix s’est hissé dans le peloton de tête des grandes manifestations culturelles. «Il est monté en puissance en 2018 et depuis le COVID, il y a une ambiance folle. Nous ne sommes pas aussi gros que Darc, les Intemporel(les) ou les Lisztomanias, mais nous sommes quand même sur trois jours.»

Dans le fonctionnement, le CEPRAVOI se charge d’aller chercher les artistes ; l’association, elle, gère l’accueil et l’intendance. «Nous n’avons pas l’expérience pour assurer la production du festival. En revanche, nous participons à la direction artistique.» Régis Gattin s’est entouré «de gens très sérieux qui respectent un cadre. Moi, je suis simplement le garant du bon fonctionnement de la manifestation.»

C’est un peu plus que cela en fait et pour le comprendre, il faut revenir sur le parcours de l’intéressé. Régis Gattin, c’est d’abord l’histoire d’un mec né avec le sourire. Si la bienveillance portait un nom, ce serait le sien. Amoureux de la nature, des randonnées sur les chemins balisés, il circule la plupart du temps juché sur son vélo, casqué et engoncé dans son gilet orange. Régis est de ces gens qui donnent l’impression que quelle que soit la tournure des évènements, tout glissera sur eux. Il concède «aimer les gens et adorer la vie en groupe», souvenir d’un temps où il encadrait des colonies de vacances. Musicalement, Régis n’est pas un enfant de la balle : «J’écoute tous les styles de musique, du Moyen-Âge à la pop. Je n’ai commencé la guitare qu’à l’âge de 15 ans par hasard et pour le rock. Plus tard, j’ai monté un groupe qui s’appelait Best Of. On jouait de la variété, mais sans se produire. Ça a duré deux ans.»

À 21 ans, Régis bascule vers la guitare classique «sans savoir où ça allait me mener. J’ai fait plein de boulots, notamment magasinier-vendeur à la Maison de Valérie. On vendait de tout. J’ai aussi fait des petits métiers en usine.» Au coeur des années 80, Régis Gattin vient de passer cinq ans au conservatoire, un poste de prof de musique se libère à Léon XIII ; ce sera pour lui et il ne l’a plus quitté depuis : «Je considère que c’est le paradis par rapport à d’autres collèges.»

Pur plaisir intellectuel

Quand vient la quarantaine, on lui conseille vivement de passer son Capes. «La guitare ne suffisait plus pour enseigner, il fallait une licence en musicologie. J’ai donc repris mes études et je suis resté cinq ans à Tours où j’ai passé ma maîtrise.» Oh, trois fois rien : «J’ai travaillé sur « Ulysse » de Luigi Dallapiccola, un opéra contemporain. Un travail de maîtrise que j’ai prolongé par pur plaisir intellectuel.»Un diplôme qui lui donnera un peu plus de légitimité quand il s’agira de présider un festival musical. Quant à s’y produire avec un choeur, c’est une autre histoire : «Chanter au Festival de la Voix ? Non, je suis déjà dans « Et si Carmen » avec le conservatoire. Pour chanter, tu dois donner de toi-même, il y a un contact immédiat avec ton émotion.»

Et le président, «vraie basse, c’est rare», est un grand sensible. Il préfèrera donc mille fois aller se balader dans les coulisses des concert’off du festival. «Le CEPRAVOI communique auprès de toutes les chorales de France. On a 25 places chaque année pour garantir un accueil de qualité. On attend 700 choristes. Ils chantent et vont assister aux spectacles du concert’in.» C’est dans le off que Régis Gattin trouvent les mots qui résument ce qu’est le Festival de la Voix : «Rencontre, diversité musicale et j’hésite entre dynamisme et chaleur humaine. J’en parle avec passion, mais c’est parce que je suis de Châteauroux.»En Europe, il existe 37 millions de choristes. Il y a 6500 chorales en France dont 450 choeurs en région Centre-Val de Loire et 50 dans l’Indre. Le Festival de la Voix proposent 46 concert’off et un seul Régis Gattin.

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