L’art, les images et la politique

Retours vers le Futur propose une édition débridée entre toile et scène

par Nicolas Tavarès

Les Rencontres cinématographiques dédiées à la mémoire partent en itinérance castelroussine de l’Apollo à Équinoxe. Avec un fil rouge dans l’air du temps : l’art de la politique…

Retours vers le futur (RVF), c’est l’évènement qui ne s’explique pas ; il se vit ! Une nouvelle édition s’annonce du 23 au 29 mars et bien que le rendez-vous castelroussin soit tourné vers la mémoire, ses thématiques le raccrochent toujours à l’actualité. Les Rencontres cinématographiques 2022 seront d’autant plus dans l’air du temps qu’elles ont pour thème L’art de la politique. À dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, on ne pouvait rêver mieux. Camille Girard, directeur adjoint d’Équinoxe la Scène nationale de Châteauroux et programmateur de l’Apollo, prévient : «Nous nous sommes interdits d’inviter femmes et hommes politiques. Nous ne sommes pas une tribune. Seul compte le point de vue des artistes ! Le cinéma restitue toujours les problématiques actuelles. Ça donne une lecture du réel. Retours vers le futur a ce côté malin qu’il permet en plus de revenir sur le passé.» En la matière, tout est donc réuni pour que RVF marque les esprits. D’autant que cinéastes, comédiens ou producteurs vont se succéder tout au long de la semaine entre l’Apollo et la Grande scène d’Équinoxe (lire ci-dessous).

Premier temps fort d’une longue liste, Jean-Gabriels Périot viendra présenter Retours à Reims (fragments) sur lequel Adèle Haenel a posé sa voix. Un survol de 50 ans d’histoire du monde ouvrier en images d’archives, soit l’ADN de RVF. Le très attendu Radio Live – La relève, déclinaison théâtrale d’entretiens radiophoniques avec la jeunesse sera la première incartade au déroulement habituel des Rencontres cinématographiques. Un projet mené par deux castelroussines : la cinéaste Amélie Bonnin et de la journaliste de France Culture Aurélie Charon.

L’OVNI d’Hugues Duchêne

Et puis au milieu de toute la programmation de RVF, il y aura cet OVNI joué par la Compagnie Royal Velours à Équinoxe et nommé Je m’en vais, mais l’État demeure (photo). Cinématographiquement, Hugues Duchêne confesse que sa pièce «ne fait pas matière filmique. Il y a eu quelques captations, uniquement de travail. Mais nous avons complètement notre place dans Retours vers le futur de par notre rapport au document historique.»

Confirmation de Camille Girard : «Hugues Duchêne a déjà eu sa carte blanche à l’Apollo. Son travail est très documenté, plein de fantaisie et d’irrévérence. Dans cette pièce, une année de mandat de Macron représente une heure de théâtre. Ça se vit comme une série.» À chaque année, l’auteur aura trouvé l’événement, le fait politique qui deviendra ensuite le fil rouge de l’acte. «C’est adapté comme si on devait écrire un article. Au terme de la première version du projet, en 2017, la co-directrice du théâtre de la Loge à Paris m’a dit : Ajoute une heure de pièce tous les ans! OK, mais comment faire une pièce au long cours en sachant que le dernier acte arriverait en 2022 et que ça durerait près de 6 heures entractes compris ?»

La réponse vous la découvrirez le 26 mars à Équinoxe. «Nous jouerons la pièce pour la première fois de l’année. Elle n’a pas vocation à survivre au quinquennat de Macron. Ceux qui l’ont vu ici en novembre 2019 découvriront plein de nouvelles scènes.» Contacté début février, Hugues Duchêne était encore en train d’en écrire certaines. Un aperçu ? «Le film du 5e acte, c’est évidemment l’apparition de Zemmour. Pleins de suppositions ont été faites à son sujet, mais si on se souvient de son discours à la Tribune des droites en septembre 2019, on le sentait forcément venir.» La frénésie Duchêne passée, le réalisateur Diastème viendra présenter son Monde d’hier avant la visite de Sylvain Desclous pour sa Campagne de France. Et au final, une fois encore, Retours vers le futur aura surpris, ému, emporté et surtout interrogé sur notre rapport à la chose politique. Puisque l’on vous dit que RVF, ça se vit…

Le futur dans une autre dimension

Voilà plusieurs éditions que Camille Girard imagine Retours vers le futur, les rencontres cinématographiques dédiées à la mémoire s’emparer de toute la cité. Un voeu pieu qui finira par se réaliser. Car depuis un an, Équinoxe scène nationale de Châteauroux et L’Apollo ne font qu’un. L’adjoint de Jérôme Montchal, toujours responsable de la programmation du cinéma centenaire, reconnaît «que la Grande scène ouvre une dimension de grand festival.» De fait, l’édition 2022 dressera une passerelle entre Apollo, Médiathèque, Café et Grande scène Équinoxe. Ce n’est pas encore tout Châteauroux, mais ça en prend la tournure. «Ça fait d’ailleurs quelques années que Retours vers le futur essaye de jongler avec le spectacle…»
L’édition qui s’annonce, entre happening convivial au Café Équinoxe, marathon théâtral avec Je m’en vais, mais l’État demeure ou Radio Live sur la Grande scène, et des heures de projection à l’Apollo, offrira en tout cas de quoi courir les rues de la ville!

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