Les cordes à l’arc de Brigitte Lucas

À la rencontre de Brigitte Lucas et de ses mille et une vies

par Nicolas Tavarès

Auteure, réalisatrice, ethnologue, collagiste, sophrologue, conférencière. Portrait d’une femme éclectique et étonnante à la fois.

«Je suis une observatrice. Je suis née curieuse. Une saine curiosité. J’ai toujours eu un intérêt pour les gens et comme je suis bavarde…» La formation d’ethnologue qu’a suivi Brigitte Lucas fera le reste : elle ira au-devant des autres, mais en empruntant des chemins de traverse. Ceux qui vous offrent mille et une vies plutôt qu’une seule. La Castelroussine se définit comme «une passionnée d’ésotérisme, des rituels de guérison, de sorcellerie. Ça m’aide à chasser mes démons personnels. Je suis très superstitieuse.»

Ça force surtout le destin et les rencontres parfois iconoclastes. «Des rencontres de ouf ! assure-t-elle, pince sans rire. Au moment de ma thèse, j’ai croisé une postière qui était persuadée être la réincarnation d’un pharaon. Plus tard, j’ai visité la forêt de Brocéliande. En y arrivant, deux druides sont sortis de nulle part. En voyant ma plaque immatriculée dans l’Indre, ils se sont prosternés en disant que j’étais une grande biturige (littéralement les rois du monde, ndlr). Je vous assure que ce n’était pas une vision!»

Des anecdotes comme celle-ci, Brigitte Lucas pourrait vous en conter des dizaines. Elle vit au pays des sorciers, cela la conduira donc à réaliser un documentaire – « Le Berry des secrets » – et à écrire un livre – « Mon Berry sorcier » – qui lui valent d’animer des conférences dans lesquelles elle remet la mare au diable au milieu du village. «Le Berry est une terre de rebouteux, de guérisseurs. Un pays rural, de bocage, de taiseux. Mais nous avons cette réputation de pays des sorciers parce que nous sommes dans le centre de la France, oubliés des grandes voies de circulation. C’est ainsi depuis des siècles. Alors, oui, cela a favorisé certaines croyances. On a simplement confondu sorcier et guérisseur et je suis profondément scandalisée par cette image qu’on a donné au Berry.»

Le sujet lui tient à coeur ; il ne représente qu’une infime partie de son quotidien. Car Brigitte Lucas, longtemps journaliste (La Nouvelle République, France 3 Paris et Orléans), s’est tournée vers l’art et la sophrologie. «Multicarte ? Oui. Mais j’ai mis du temps à l’accepter. L’art et la sophrologie me tiennent à cœur.» Puisqu’elle n’est pas à une corde près pour son arc, Brigitte s’est également piquée de promouvoir les jeunes talents (lire ci-dessous) en organisant des scènes ouvertes. Ce qui en soit n’est pas très loin de la sophrologie «puisque j’utilise l’art de la scène pour aider à s’épanouir.» Débordante d’énergie et pas décidée à profiter de la retraite, Brigitte a créé l’association « SophrOart » dans laquelle elle propose de mêler créativité par la peinture et techniques de relaxation par la sophrologie. «Sophrologue, ce n’est pas une fonction, plutôt un état d’être.» À l’époque, son mémoire de future thérapeute portait sur la discipline en lien avec le collage. Une étagère de plus dans l’armoire.

Le collage, une passion ancienne

«La passion du collage est venue en 1997 à Tours lorsque j’ai fait la connaissance d’Aube Elléouët, la fille d’André Breton. Je suis allée dans son atelier et j’ai été emballée par ses collages. J’ai commencé à en faire dans ma cuisine, dans la mouvance surréaliste. Aujourd’hui, je suis passé à la vitesse supérieure. J’ai trouvé ma patte. Je me suis lancée dans les portraits en m’intéressant plus particulièrement aux regards.» Brigitte Lucas expose ses oeuvres, les vend, encadre des ateliers à la MLC Belle- Isle dont elle est devenue un pilier. Actuellement, elle travaille sur les femmes célèbres, Colette ou George Sand, évidemment, «Elle a sans doute favorisé par ses écrits l’image passéiste d’un Berry superstitieux.» Décidément, on y revient toujours.

SophrOart, art et sophrologie
Facebook : SophrOart

Une passion pour la scène ouverte

«Elle nous a permis de nous mettre en scène. C’était le 9 décembre 2011. Oui, Brigitte nous a ouvert la voie.» Maxime Daniel, de Max et Mumu, parle avec nostalgie du coup de pouce que Brigitte Lucas avait donné au duo comique en le poussant à participer aux scènes ouvertes qu’elle organise depuis 2007 à la MLC Belle-Isle. «Brigitte nous a laissé carte blanche. Il n’y avait pas de management, seulement de la bienveillance. Je suis resté en contact avec elle. On ne s’ennuie jamais, c’est un vrai moulin à paroles !» sourit celui qui est aujourd’hui animateur sur France Bleu Berry. Une autre artiste locale a profité de l’initiative de Brigitte : Charlotte Taboyer. «J’avais 14 ans, elle m’a fait confiance» se souvient celle qui s’est lancée dans une carrière musicale sous le nom de Charl’Hot Club. «Cette première scène ouverte, je m’en souviendrai toujours. Brigitte a eu les mots justes. C’est une femme qui aime les artistes. Elle en est une vraie du reste : peintre, chanteuse, comédienne… Ménager l’effet de surprise lorsque tu vas monter sur scène devant tes proches, tes amis ou ta voisine, elle seule sait le faire !» La prochaine scène ouverte de Brigitte Lucas, c’est le 6 mars. Le thème de la soirée ? « Les apparences ».

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