Les enfants du baquet

Chez les Lucas et Houry, le rallye est une passion qui se transmet

par Nicolas Tavarès

Calvin Lucas et Amandine Houry ont grandi dans les paddocks où ils accompagnaient leurs parents, rallymen. Aujourd’hui, la courbe s’est inversée.

Sans qu’on le sache vraiment, il y a des chemins tout tracés. Des plans de carrière qui s’imposent à vous sans préméditation. Calvin Lucas et Amandine Houry, 23 ans, étaient fait l’un pour l’autre. Dans la vie comme en rallye. Mais ça, Christophe et Sylvie Lucas, David et Séverine Houry, leurs parents, ne le leur ont pas dit, trop occupés qu’ils étaient à disputer les rallyes régionaux. Au début des années 2000, ces messieurs se mettaient au volant tandis que ces dames grimpaient dans le baquet d’à-côté en qualité de copilote. Dans le paddock, deux minots s’amusaient en attendant que les voitures rentrent. On appelle ça des enfants de la balle. Celle d’Amandine et Calvin c’était plutôt trains de pneus et odeurs d’huile moteur. «À un moment, on s’est un peu perdus de vue avec Amandine. Mais finalement on s’est retrouvés juste après l’adolescence.»

Calvin Lucas et Amandine Houry lors du récent rallye du Mont-Blanc

Calvin, Amandine et au milieu une Twingo. La bête de course des débuts, celle de leur première, le Rallye de printemps de Bords 2018 terminé au 46e rang avec la victoire en classe R1. Quatre ans plus tard, la Twingo est toujours là, rangée au fond du garage paternel. Calvin la voit tous les jours mais lui fait quelques infidélités pour les beaux yeux d’une Clio RC5. Pas grave la Twingo fera la belle sans lui comme «deuxième voiture ouvreuse du rallye de l’Indre» explique Amandine. Le couple, lui, y sera aussi, sans doute. Car si Christophe a disputé le rallye Coeur de France avec sa belle-fille fin septembre, ce sont bien les gamins qui ont définitivement pris la main.

Désormais ce sont les parents qui patientent dans le paddock. Cela va même plus loin qu’accompagner sur les épreuves. Après une belle finale de la Coupe de France des rallyes, l’an dernier à Châteauroux, Calvin et Amandine sont montés en gamme cette saison. Le choix a été fait d’intégrer le Clio Trophy et ses cinq manches (Le Touquet, Antibes, Rouergue, Mont-Blanc et Cévennes). Terminée la location d’un bolide, le couple dispose désormais de sa propre voiture grâce au coup de main du clan. «La Clio est une voiture familiale, nous sommes indépendants. C’est juste une autre organisation» note Calvin. Amandine s’est chargée de réunir le budget course avec l’aide de ses parents tandis que les Lucas géraient le côté mécanique de l’aventure sur quatre roues.

L’accident au rallye du Quercy

Saison d’apprentissage, 2022 aura vu l’équipage Lucas-Houry alterner le bon et le moins bon. «C’est la première à ce niveau donc difficile de dire si la saison est décevante» dit Calvin. La découverte peut aussi mener au pire : l’accident. Il est intervenu en avril lors du rallye du Quercy. Voiture HS et des bobos à l’âme. À trois semaines du rallye d’Antibes, le coup était rude.

«C’est frustrant parce que financièrement, c’était déjà difficile. On a grillé un joker. Et puis on décevait les parents… La voiture a été remontée dans l’urgence. Pour moi, ça a été compliqué. J’avais la peur de me lâcher.» C’est au rallye du Mont-Blanc, début septembre, que Calvin retrouvera les sensations. Pas le premier jour quand le couple a bêtement perdu 2 minutes, débours irrécupérable en rallye. Le deuxième jour en revanche, la Clio a entamé une belle remontée. Bien pour le moral et la motivation dans la perspective de 2023.

Calvin et Amandine entouré du « clan » Lucas-Houry lors de la finale de la Coupe de France des rallyes 2021 à Châteauroux

«Nous repartons en Clio Trophy et on va essayer de franchir un cap en visant plus haut dans les classements. Je manque un peu de confiance en moi, poursuit le pilote. Mais j’ai modifié mon système de notes et ça m’a fait progresser. Et puis cet hiver, je vais faire une vraie préparation physique. » Sourire d’Amandine : « J’ai déjà essayé de le bouger…» Calvin grimace. L’hiver va être rigoureux.

Pour Amandine aussi car la période va se traduire par une quête de partenaires, sa chasse gardée. Il sera question d’organisation car elle partage son temps entre son poste de chargée de coordination développement et RSE dans la société familiale à Orléans et ses week-ends castelroussins. La chasse aux sponsors n’est pas aisée. À titre d’exemple, cette saison, pour voir au-delà du prochain virage, il fallait 50000€. «Nous avons tourné avec 30000» se crispe Amandine. La période actuelle n’est pas non plus favorable aux sports mécaniques. «Nous avons une passion gourmande en bilan carbone, c’est clair. Il va falloir trouver des alternatives en carburant bio. On se pose la question de notre participation au rallye de l’Indre, mais on a besoin de le faire parce qu’on est à domicile et que les partenaires sont ici» tranche la copilote. Pour eux, elle a prévu une journée spéciale pour leur faire vivre de l’intérieur le quotidien d’un équipage de rallye. Il parait que c’est un monde qu’elle connaît bien.

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Rallye de l’Indre

Retour à Buzançais pour le Rallye de l’Indre

Le rallye de l’Indre va reprendre ses droits les 4 et 5 novembre prochains. Calvin Lucas et Amandine Houry attendront le dernier moment pour savoir s’ils seront de la fête et si leur Clio RC5 rejoindra le parc fermé basé à Buzançais. Quoiqu’il en soit, les pilotes engagés entameront l’épreuve par une spéciale en nocturne à Sougé le vendredi (19h50). Sougé encore abordé à trois reprises le samedi pour autant de spéciales (à partir de 11h15). Frédille (à partir de 11h33) et Saint-Genou (12h12) offriront également leurs routes pour la victoire finale. Le rallye de l’Indre figure parmi les dernières manches du championnat de France de 2e division 2022. Le spectacle est entièrement gratuit.

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