Lovilight : et la lumière fut

Artiste recycleur, Bruno Lovisone crée d’incroyables luminaires

par Nicolas Tavarès

Installé depuis deux ans à Mézières-en-Brenne, Bruno Lovisone recycle et offre une deuxième vie lumineuse aux objets les plus divers.

Un jour, Michel Audiard a écrit : «Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière…» La citation tirera sans doute un sourire à Bruno Lovisone qui n’a pourtant rien d’un fêlé ni même d’un illuminé. Mais du fond de son atelier à Mézières-en-Brenne, l’homme laisse passer la lumière partout, tout le temps et en tout objet. C’est bien simple, montrez-lui n’importe quoi et son regard s’illuminera (c’est de rigueur) à l’idée de voir une nouvelle création apparaître sur son établi. On a testé, c’était en janvier dernier dans un café castelroussin dont le patron n’aurait jamais imaginé que l’on puisse transformer un extincteur en luminaire de collection. «Donnez moi un objet, je l’allume, je l’éclaire, je l’illumine. Cet extincteur, par exemple, je vois déjà ce que je pourrais en faire. Et le tuyau, je l’utiliserais aussi. Ce n’est pas une blague, dans ma tête je vois l’objet fini.»

Drôle de bonhomme que Bruno Lovisone, quinqua souriant, débordant d’énergie et qui a trouvé en plein coeur de la Brenne le terreau idéal à une imagination tout aussi fertile. Pour bien le saisir, il faut avoir en tête que l’homme a toujours été dans la lumière. Comprenez qu’il a passé une large partie de sa vie professionnelle à en vendre, des luminaires. «J’ai été pendant vingt ans technico-commercial spécialisé dans la vente de luminaires industriels pour les commerces, grandes surfaces, les hôtels et les bureaux. Absolument rien de décoratif. Mais j’ai aussi eu l’occasion de travailler dans le haut de gamme au contact d’architectes d’intérieur.»

Des années à tout stocker

Reste que les hasards d’une vie professionnelle parisienne sont faits d’aléas qui forcent un destin. «J’avais monté une boîte avec trois associés. Nous étions plus sensibilisés au sur-mesure, à l’éclairage haut de gamme. Nous avons travaillé pour l’hôtel Bristol à Paris, pour une grande banque, une compagnie pétrolière et d’autres grands groupes. Au bout de quatre ans, las de Paris et de plus en plus sensible aux questions relatives à l’environnement, j’ai commencé à caresser ce projet. Surtout, j’ai quitté mon petit appartement à Paris avec l’idée d’aller transformer les objets. Mais pour ça, je voulais être au calme et changer de vie. J’ai trouvé une maison  avec de quoi faire mon atelier. C’était à Mézières. Pour le calme je suis servi !»

Depuis 2018, Bruno a en partie réalisé son rêve. Il ne sait toujours pas s’il doit se définir comme artisan ou artiste. Une clientèle de plus en plus conséquente est en train de faire le choix pour lui. Bruno signe donc toutes ses créations, des luminaires uniques, d’un Lovilight bien inspiré. «On m’a toujours surnommé Lovi, ça coulait de source. Je suis du genre à ne rien jeter. Pendant des années, j’ai conservé de la quincaillerie de mobilier et des composants de luminaires que je récupérais quand les chantiers s’achevaient. Ça allait partir à la benne, moi je stockais en sachant que ça servirait un jour.» Ce jour est arrivé lorsqu’il a tourné la page parisienne. À Mézières, il a fait la connaissance de Gaëtan Deffontaines, artiste graffeur (cf. Carré Barré de janvier ici) avec lequel il s’est accordé sur certaines pièces, notamment ses fameux bustes dépolis.

La majeure partie du temps, Bruno vole toutefois en solo. «J’ai des propositions d’expositions sur Paris, j’ai pas mal de commandes. J’expose à Boutiq’Arts à Levroux également.» En mai, on le trouvera à la foire exposition de Châteauroux. D’ici là, Bruno va surtout recycler encore et toujours. «Ma maxime c’est « jeter pollue, recycler perpétue »». En la matière, on peut vous garantir que Lovilight perpétue. Il baptise ses créations, les numérote et les signe, «sait-on jamais, un jour peut-être…»

Lovilight
Facebook : Lovilight

Le piège à lumière


Ce n’est pas la moins étrange de ses créations. Mais entre un fer à repasser ou une bombe de peinture, le piège à loup (photo) démontre que Bruno Lovisone est un sacré bricoleur. Son album photo (à découvrir ici), met en lumière quelques objets surprenants. «Le plus fou ? Un luminaire que j’avais présenté lors de ma première exposition en février 2019. J’ai utilisé trois cercles de fût de 50, 60 et 90cm reliés, en partie centrale, par un vieux piquet de clôture. J’avais ajouté des tiges filetées pour guider deux tubes souples de leds en spirale. Un client m’avait demandé de lui réaliser un luminaire pour une pièce avec 6 m de hauteur de plafond. Il l’a découvert lors de l’expo et l’a emmené après…»

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