Soing, en échappement libre

Le Castelroussin est la voix du rallye en France. Histoire d’une passion

par Nicolas Tavarès

Un genou en capilotade et une vénération sans borne pour la célèbre Mini Cooper ont impacté durablement la vie de Philippe Soing devenu speaker du championnat de France des rallyes. Dont celui de l’Indre, début novembre.

Les 1er et 2 novembre prochains, il sera question de répétition générale pour le Rallye de l’Indre. Autour de Valençay et Levroux, les organisateurs peaufineront les derniers réglages en vue de la finale de la Coupe de France des rallyes 2020 qu’accueillera Châteauroux, 12 ans après sa dernière visite dans le département. Sur le podium de l’épreuve, Philippe Soing, micro en main, fera vivre la course comme il le fait depuis 2005 et sa prise de fonction comme speaker officiel du championnat de France des rallyes.

Drôle de parcours que celui de ce Saint-Maurois de 64 ans qui semblait se destiner à une carrière de footballeur. «Je ne serai jamais devenu pro, mais qu’est-ce que j’aimais ça. Seulement à 20 ans, j’ai eu un accident de foot. Mon genou était éclaté, on m’a interdit de jouer. Le chirurgien m’a dit que je pouvais me mettre au vélo et du coup de 21 à 31 ans, j’ai fait de la compétition en 3e catégorie à l’US Florentaise. Je courais beaucoup avec les 1re et 2e catégories, les courses du lundi notamment. Ça me motivait de courir avec des gars qui sont passés pros comme Jean-François Bernard, Denis Roux ou Franck Boucanville.» On est bien loin du sport automobile même si, à cette époque, déjà, Philippe Soing était un assidu de la presse spécialisée. «La passion est arrivée tout petit, avec la Mini Cooper. J’adorais cette voiture et un jour, j’ouvre la revue « Moteurs » et je découvre que la Mini avait gagné le Monte Carl’, le rallye le plus mythique (ndlr, en 1965 avec le Finlandais Timo Mäkinen). Ça a commencé comme ça et ma première voiture, plus tard, a été une Mini ! » Passionné compulsif, Philippe s’abonnera ensuite au magazine « Echappement » dont il a tous les numéros.

Premiers pas dans l’autocross

Personnel du Ministère de la Défense, il attendra toutefois 1988 et le premier autocross des Tourneix pour donner de la voix sur les courses. «Jean Houssinot, membre du club de Châteauroux, m’a dit qu’on cherchait un speaker. Je ne connaissais rien à la discipline. Le week-end suivant, l’Ecurie berrichonne m’a réquisitionné sur un rallye et je me suis retrouvé speaker officiel de la Coupe de France de 2cv cross puis du championnat d’autocross !» Nous sommes au début des années 90 et l’Indrien fait sa place dans le milieu. «J’ai rencontré les organisateurs puis les constructeurs. En 2001, Citroën Sport et Guy Fréquelin lancent le Trophée Saxo T4, j’en deviens le speaker jusqu’à la fin en 2004. Au même moment, le speaker du championnat de France des rallyes prenait sa retraite. La Fédération a prospecté, j’ai postulé, j’ai été pris…»

Et voilà comment, depuis 2005, Philippe Soing est devenu la voix du rallye en France, lui qui lorsqu’il était cycliste ne voyait que par Daniel Mangeas. «C’est lui, la voix du Tour de France, qui m’a donné envie d’être speaker. Sur un critérium auquel je participais, il était au micro. À chaque tour, on l’écoutait en passant. J’ai la chance d’avoir une voix et la connaissance du milieu du rallye, des pilotes. Ils sont mon fil rouge. Il m’est arrivé de commenter des épreuves d’équitation, mais je n’avais pas ce fil rouge. Speaker, ça m’oblige à être en contact régulier avec les constructeurs, les teams, les pilotes.» Faire vivre la course aux spectateurs est la partie visible de l’iceberg Soing : «J’anime la conférence de presse d’avant-course. Un format court, particulier avec beaucoup d’intervenants. Je présente également les équipages. J’ai aussi proposé une innovation : l’animation du parc d’assistance dans lequel je me promène avec une sono mobile. C’est rentré dans les moeurs.» On retrouve parfois Philippe au micro de FR-medialive (lire ci-dessous) «comme lors du dernier rallye du Mont- Blanc sur la spéciale 11. C’est un outil de travail qui permet de tout savoir sur l’épreuve et à la minute près !»

Lors du prochain rallye de l’Indre, Philippe Soing portera une double casquette puisqu’en plus d’officier aux commentaires, il est également membre de l’organisation : «Je m’occupe de l’environnement podium, du réceptif, de la cérémonie de remise des récompenses. Des choses que je gèrerai lors de la finale de la Coupe de France l’an prochain au Mach36.» Un conseil, lors du rendez-vous de la Toussaint, si vous voulez savoir ce qu’il se passe autour de Valençay et Levroux, tendez l’oreille ; Philippe connaît son rallye sur le bout du micro et pour un bout de temps encore, «en tout cas tant que je tiendrai physiquement !»

L’Indre en direct live !

FR-Medialive est une association créée par Éric Hurst en 2012 à Aix-en-Provence. Son objectif ? Faire vivre les rallyes en direct live via un site internet et l’application smartphone de la FFSA. «Il y avait un manque. Nous sommes devenus la radio officielle du championnat de France de 1re division. On interviewe les pilotes dès qu’ils terminent leur spéciale. C’est à chaud et on est avec eux dans l’habitacle !» Sur la saison, FR-Medialive intervient sur une trentaine d’épreuves dans l’Hexagone et déploie à chaque fois trois à cinq bénévoles (une cinquantaine sur la saison). Éric Hurst, lui, anime les directs en studio monté pour l’occasion à une portée d’échappement.

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