Au bonheur du trot champêtre

Goûtez au charme désuet des courses hippiques de Châteauroux

par Nicolas Tavarès

Chaque année pendant l’été, l’hippodrome du Petit-Valençay accueille des courses de trot. Le cadre est champêtre et l’ambiance familiale.

Si les habitués de Vincennes, Longchamp, Auteuil, Deauville ou Cagnes-sur-Mer connaissaient l’hippodrome du Petit-Valençay, ils en conviendraient aisément : l’herbe est toujours plus verte ailleurs. On plaisante. Ici c’est seulement Châteauroux, sa piste de 1 750m, tout en herbe donc, ses départs donnés à l’élastique, sa tribune d’un autre âge sous laquelle les parieurs viennent miser quelques euros et des à-côtés qui font le cachet de l’endroit : un restaurant qui sert entrée-plat-dessert pour 15€, des animations pour les enfants, l’incontournable buvette et, le 12 septembre prochain, en marge des six courses programmées, l’Audacieux cabaret, partenaire de la course n°4, un trot attelé de 2 900m, présentera même sa nouvelle revue, « Magic ! ». On est bien loin des ambiances du Grand Prix d’Amérique ou du Prix de Diane. C’est l’Indre et ce petit hippodrome qui parvient à tenir ses trois réunions annuelles.

Le Département et la ville au soutien

Francis Mory, treizième président d’une Société des courses hippiques qui a vu passer à sa tête des comtes, des ducs et des princes depuis sa création en 1883, se démène toute l’année pour que le Petit-Valençay conserve son rang au sein de la Fédération des courses hippiques du Centre-Est dont il dépend. «Il y a quelques années, nous avons été menacés de perdre une journée de course. Le Département de l’Indre nous a aidé en nous dotant de l’équivalent de deux courses» rappelle Francis Mory. Un coup de main forcément bienvenu qui explique pourquoi la Collectivité territoriale est associée à la 6e course du 12 septembre, la plus relevée avec ses 12 000€ de prix. Idem pour Châteauroux Métropole, partenaire d’un trot attelé (17 000€ de prix) en clôture le 26 septembre, ainsi remercié pour assurer à l’année l’entretien du site.

Dans le même temps, Francis Mory, lui, court après les partenaires qui permettront d’équilibrer le budget de l’association. Quand point la saison des courses, de juillet à septembre, il convient encore de scruter le ciel en espérant une météo favorable. «On n’y peut pas grand-chose, mais l’idéal, c’est qu’il ne fasse pas trop chaud et qu’il ne tombe pas d’eau.» C’est que l’hippodrome castelroussin est situé dans une zone inondable. Une autre spécificité locale qui ne rebute pas les spécialistes comme Gilles Lherpinière, éleveur de chevaux de course au Haras de Visais, près du Blanc, qui connaît bien le Petit-Valençay : «Dans la ligne droite opposée, il y a souvent de l’humidité qui déforme la piste et ça secoue. Mais l’hippodrome de Châteauroux est agréable. Il a des virages relevés qui se prennent très bien. Et puis c’est toujours bien de disposer d’un hippodrome près de chez soi et donc de défendre les courses de son département» distille l’éleveur, également partenaire d’une épreuve dans le programme du 12 septembre. Cette année, il n’alignera aucun de ses chevaux au Petit-Valençay. «Ils sont d’un niveau supérieur, mais il ne faut surtout pas oublier que pour arriver à Vincennes ou ailleurs, il faut passer par toutes les étapes, y compris les courses du niveau de Châteauroux.»

Défendre les courses de l’Indre

À Châteauroux, Francis Mory et son équipe, eux, se focalisent sur l’organisation et ont un unique objectif: attirer le grand public. «En 2018, nous avons battu le record de fréquentation avec 4 500 entrées sur l’ensemble des trois réunions. En août, afin de voir comment ça se déroulait avec le pass sanitaire, je suis allé aux courses de La Clayette (Saône-et-Loire). Sur une seule journée, ils reçoivent 2 000 personnes! Mais notre public n’est pas le même. À 90 pour cent, il vient de l’Indre et le Berrichon n’est pas très joueur. On vient au Petit-Valençay avant tout pour s’amuser. Ici, si nous atteignons 20 000€ d’enjeux sur une réunion, c’est bien le maximum et c’est une bonne journée.»

Les courses de Châteauroux ont beau naviguer en 3e catégorie – le plus bas niveau hippique en France -, elles demeurent néanmoins à la pointe du progrès grâce à Smarturf, une application qui permet de parier depuis son smartphone. Un gadget «qui a été créé pour attirer les jeunes», explique Francis Mory. L’application n’a pas forcément convaincu le public visé. Au Petit-Valençay, on vient avant tout en famille et, à l’occasion, on lâchera quelques euros au guichet du Pari Mutuel Hippodrome pour miser sur un cheval coup de coeur. Gagnant ou placé, c’est tout le charme d’un jour de courses sur un petit hippodrome de province.

Courses hippiques
Hippodrome de Châteauroux
dimanches 12 et 26 septembre
www.hippodrome-chateauroux.com

Mory à la baguette


«Je ne suis jamais monté sur un cheval. Moi, je ne suis qu’un organisateur.» Francis Mory ne s’en cache pas, il n’est pas vraiment au fait des us et coutumes du milieu des courses hippiques. Il lui incombe de monter la manifestation et ses trois journées. «Je suis arrivé là parce qu’en 2001, lorsque j’étais adjoint aux sports de la ville, les courses hippiques étaient rattachées aux affaires sportives. En 2001, j’ai donc commencé par remettre l’hippodrome aux normes, puis j’ai siégé au conseil d’administration avant de devenir président de la Société des courses.» Sa passion pour l’organisation a fait le reste : près de 70 bénévoles l’accompagnent pour faire des courses hippiques de Châteauroux un rendez-vous estival très prisé. Et pour ça, il n’y a effectivement pas besoin de s’y connaître en chevaux !

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