Calvin et Amandine au bal des rookies

Calvin Lucas et Amandine Houry disputent leur première finale de la Coupe de France des rallyes. Les Castelroussins de l’Ecurie Berrichonne ont laissé Carré Barré les accompagner tout au long de la première étape ce vendredi !

par Nicolas Tavarès


Ils l’avaient espéré mais depuis ce vendredi matin, Calvin Lucas et Amandine Houry font bien partie du grand cirque de la finale de la Coupe de France des rallyes. Une première pour le duo castelroussin de l’Ecurie Berrichonne, de surcroît à domicile. Autant dire que la pression est là face à la montagne que représente cette épreuve qui rassemble plus de 200 pilotes et invite le grand public à s’en mettre plein les yeux et les oreilles jusqu’à samedi soir.

Carré Barré a choisi de suivre le jeune couple à la vie et à la course sur la première journée de compétition. Des premières roues posées dans le parc d’assistance à Belle-Isle jusqu’à la spéciale de nuit à l’aéroport Marcel-Dassault, c’est au cœur de la finale que le mag vous entraîne.

S’ils n’ont pas encore les épaules pour la gagner samedi soir cette finale, Lucas et Amandine n’avancent pas sans ambitions, eux qui rêvent de monter sur la boîte dans leur catégorie RC4. «Le titre dans le groupe serait un sacré Graal, convient le pilote. Mais vu les cadors, monter sur le podium serait déjà génial. On a beaucoup progressé, mais pas au point d’aller chercher Jean-Sébastien Vigion (Renault Clio 5 #44, vainqueur finale de la Coupe en 2008)L’enchaînement des spéciales dira si Calvin était dans le vrai.

Les Mickey HS

En attendant, c’est par un premier petit coup de chaud que le duo a attaqué sa journée. «En démarrant la voiture (Peugeot 208 #46) dans le parc fermé, on a branché les Mickey et ils ne fonctionnaient pas.» Les Mickey, dans le jargon des pilotes, ce sont les casques qui permettent aux équipages de communiquer dans l’habitacle. Le passage par le parc d’assistance à Belle-Isle n’allait donc pas simplement se résumer à un changement de pneus. Aussitôt sauté de leur bête de course pour 20 minutes d’arrêt maximum, Amandine et Calvin alertaient leur team – l’équipe Trajectoire Racing de Marc Amourette – puis trifouillaient les branchements. Au départ du prologue à Arthon, tout était rentré dans l’ordre. La course pouvait vraiment commencer.

Enfin après une attente d’une heure totalement imprévue dans le programme. Au milieu de la spéciale, un agriculteur quelque peu récalcitrant manifestait en effet son mécontentement face aux nombreux spectateurs empiétant dans ses champs. Un tracteur en travers, un bon coup de gueule et l’intervention de la maréchaussée plus tard, le spectacle prenait enfin ses droits. L’épisode avait néanmoins refroidit les pneus ; une donnée essentielle pour soigner sa trajectoire sur un parcours agité. Le prologue ne comptait pas dans la note finale, mais il était là pour rebattre les cartes et donner l’ordre des départs de la spéciale ES1, à nouveau à Arthon. Pour la Peugeot 208, l’obstacle passait sans encombre (46e à 34 »07 de Denis Millet). Après une longue pause au parc fermé du M.A.CH36, la course reprenait ses droits en milieu d’après-midi. Trois spéciales étaient à avaler.

Un podium au Coeur de France

De quoi réveiller les inquiétudes d’Amandine. Elle est non seulement la copilote de la Peugeot verte, mais elle est aussi celle qui s’occupe de trouver les partenaires qui aident à boucler le budget de la saison. «Nous étions des «petits», on (Marc Amourette) est venu nous chercher. Mais là, j’ai tellement peur qu’on casse la voiture. Une fois partie, j’y pense moins, mais il y a toujours cette crainte.» La crainte est légitime car de la réussite de la finale dépend une partie de l’avenir de Calvin et Amandine.

Un peu à leur corps défendant, à 22 ans chacun, ils figurent au rang des espoirs de la Ligue du Centre-Val de Loire. Leurs résultats sont scrutés et le récent podium dans leur groupe au rallye Cœur de France (3e) conforte l’idée que Lucas-Houry, c’est du lourd. Il faut dire qu’ils baignent dans le monde du rallye depuis longtemps. Il y a 22 ans, il y avait déjà des Lucas et Houry en course. Christophe, le papa de Calvin, et David, celui d’Amandine, écumaient les épreuves régionales. Ils étaient potes. Les deux marmots ont donc grandi ensemble. «A 11 jours, Calvin était déjà sur une spéciale avec moi» se souvient Sylvie Lucas. «Amandine, elle, est venue quelques semaines plus tard» ajoute David. Les enfants de la balle ont bien grandi. Dans leurs veines coule un talent qui pourrait les porter loin.

Sortir du confort de la région

«Les voir en finale, c’est une fierté» lâche Sylvie. Avec elle, tout le clan familial est là et se restaure avec eux en attendant une fin de journée épique. David Houry : «Ils commencent à avoir une petite notoriété. L’objectif c’est de les voir en formule de marques. Tout est réuni pour que ça marche. Enfin tout, sauf le budget (éclat de rire). Mais ils sont prêts à sortir de la région pour aller se confronter à d’autres pilotes, à d’autres types de routes.»

«Ils n’ont pas peur de se frotter aux autres et la finale est une autre occasion de le faire, ajoute Christophe Lucas. Entre eux l’osmose s’est faite. Maintenant, sur cette finale, le juge de paix, ça sera la spéciale de 28km samedi. Calvin a l’habitude de se libérer en fin de rallye.» Quelques minutes avant l’heure de libérer les chevaux, Calvin et Amandine font un rapide aller-retour à Belle-Isle. Détendus (apparemment), ils échangent avec leurs supporters qui vont filer vers les spéciales.

Une spéciale annulée

Lorsqu’ils reviennent au parc d’assistance, les visages sont fermés, puis décontenancés en apprenant que la spéciale d’Arthon était finalement annulée en raison d’une bagarre entre spectateurs alcoolisés… En début de soirée, la voiture rangée dans le parc fermé, Calvin regrettera cette annulation : «On est un peu frustré, mais avec tout le gravier venu après le prologue, si ça se trouve on aurait fait une connerie dessus!»

Il a donc fallu enchaîner directement sur l’ES2 entre Mosnay et Tendu. Au bout des 7,25km de vitesse pure, tombait la 28e place scratch à 31 secondes de Denis Millet (Volkswagen Polo #5). «Pourtant on était pas top dans cette spéciale. On s’entendait très mal dans les casques, mais au final on s’en sort bien.» La spéciale de nuit, un bonus pour le public, n’allait guère changer le bilan de cette première étape terminée au 30e rang à 8 » de Stéphane Lefebvre (Citroën C3 #10) leader du scratch. Mais surtout à la 3e place du groupe RC4 derrière Vigion et Sam Taveneau (Peugeot 208 #45) qui vont donc se disputer l’ordre sur le podium final.

28 kilomètres tant redoutés

«Je suis quand même satisfait de cette journée même si on n’a pas beaucoup roulé» estimait Calvin Lucas avant de filer au débriefing. «Satisfaits, oui mais avec des plus et des moins, nuançait pour sa part Amandine Houry. Il y a pas mal de chose qu’on va devoir revoir sur les caméras avec Calvin, mais également avec Marc (Amourette). Ce qu’il faut samedi, c’est que l’on continue sur ce rythme.» Et surtout ne pas se rater dans la fameuse spéciale de 28km entre Pommiers et Eguzon à effectuer à deux reprises. Calvin : «Je la redoute. Enfin oui et non. J’ai surtout hâte d’y être» lâchait-il des étoiles dans les yeux.

Il était 20h45, une centaine de voitures restait encore à s’élancer au cœur du circuit de l’aéroport. Après quelques embrassades avec les membres de la famille, Calvin et Amandine disparaissaient dans la nuit. Samedi sera un autre jour…

Ils montent sur le podium RC4

Dimanche matin, la voix d’Amandine Houry masque mal le manque de sommeil. La finale de la Coupe de France s’est terminée en apothéose à l’ombre du M.A.CH36 et tous les concurrents ont dignement fêté l’événement qui a consacré Stéphane Lefebvre (Citroën C3) engagé dans un incroyable bras de fer avec Denis Millet (VW Polo) qui aura finalement craqué dans l’ultime spéciale, victime d’une sortie de route sans gravité. Calvin Lucas et Amandine, eux, ont frôlé la correctionnelle dans la spéciale 6 autour de Celon, «un tout droit à cause du blocage des freins, raconte la copilote. A ce moment-là, on a vraiment eu peur de taper quelque chose caché dans les herbes. Mais on s’en est bien sorti (66e).»

Vendredi, Christophe Lucas, le père de Calvin, l’avait dit : l’équipage a l’habitude de finir fort ses rallyes. Cela s’est vérifié dans les deux spéciales de…28 kilomètres ! Notamment dans la seconde où Calvin est allé accrocher le 38e temps. Dans l’ultime spéciale, Lucas et Houry signaient même la 36e place. Pas suffisant, toutefois, pour aller titiller Jean-Sébastien Vigion (Renault Clio) largement à son avantage dans le groupe RC4; ni même Sam Taveneau (Peugeot 208) qui avait pris les devants vendredi. Reste que la Peugeot 208 de l’Ecurie Berrichonne termine sur le podium de groupe et termine au 4e rang du classement junior. L’appétit venant en mangeant, Amandine faisait part de sa (légère) déception : «On a tout donné et on aurait monter sur le podium junior et accrocher la 2e place en RC4, alors oui notre bilan est un peu mitigé parce que ça nous aurait fait plaisir. Mais on termine sans casse et dans l’ensemble, nous sommes contents de notre finale.» C’était en effet la première participation du couple castelroussin qui n’en a pas terminé de sa saison. Dans trois semaines, direction le Rallye d’automne de La Rochelle (5 et 6 novembre). Cette fois à bord de leur Renault Twingo et Amandine l’annonce : «Ce sera vraiment pour se faire plaisir et fêter la fin de saison…»

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